Pour Roland Barthes , Phèdre est une tragédie nominaliste « Tout est dans le dire ou ne pas dire".
La tragédie se noue dans la nomination du mal , dans la rupture du silence. Tant que Phèdre reste silencieuse, elle n’arrive ni à vivre ni à mourir et c’est sa confession qui permet l’écoulement de la pièce comme la parole qui en se répandant est l’écoulement de la vie .
Et cet enjeu se retrouve aussi bien dans le personnage de Phèdre , que dans celui d’Hippolyte ou de Thésée .
Phèdre en avouant par trois fois sa faute, à Oenone d’abord, puis à Hippolyte puis à Thésée dans un crescendo du secret brisé jusqu’à sa révélation tout entière, et dans sa nudité authentique consomme l’aveu jusqu’à son dénouement fatal.
Hippolyte découvrant à Aricie son amour contraire aux intérêts paternels mais qui meurt de n’oser nommer son innocence dans la passion de Phèdre dont il est innocemment l’objet.
Thésée que l’égarement sans nul doute inspiré par les dieux , pousse à proférer cette malédiction qui condamne son fils tout en lui infligeant un nouveau châtiment.,
« Qu’est-ce donc qui fait la parole si terrible ? » dit Roland Barthes :
« C’est d’abord qu’elle est un acte , le mot est puissant. Mais surtout qu’elle est irréversible : nulle parole ne peut se reprendre : livré au logos, le temps ne peut se remonter , sa création est définitive […] car le mot est indestructible . »
Roland Barthes: "Sur Racine "
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire