mercredi 15 juin 2011

"Qu'est-ce donc qui fait la parole si terrible ?" (Roland Barthes)

Phèdre, Dominique  Blanc   dans   la mise  en scène  de P. Chéreau



Phèdre de Roland Barthes


Pour Roland Barthes  , Phèdre est une tragédie nominaliste « Tout est dans  le dire ou ne pas dire".
La tragédie se noue dans la nomination  du mal , dans la rupture du silence. Tant que Phèdre reste  silencieuse, elle  n’arrive ni à  vivre ni à mourir  et  c’est  sa confession qui  permet l’écoulement de la pièce comme la parole qui  en se répandant  est l’écoulement de la vie   .
Et cet enjeu  se  retrouve aussi bien  dans le personnage de Phèdre , que dans celui d’Hippolyte ou de Thésée .
Phèdre en avouant  par  trois fois sa faute,  à Oenone d’abord,  puis à Hippolyte puis à Thésée dans  un crescendo du  secret brisé jusqu’à sa révélation tout entière, et dans sa  nudité authentique  consomme  l’aveu jusqu’à son dénouement fatal.  
Hippolyte découvrant à Aricie son  amour contraire aux intérêts paternels mais qui  meurt de n’oser nommer son innocence dans la passion de Phèdre dont il est innocemment l’objet. 
Thésée que l’égarement sans nul doute inspiré par les dieux , pousse à proférer cette malédiction qui condamne son fils tout en lui infligeant  un  nouveau châtiment.,
« Qu’est-ce donc qui fait la parole si terrible ? » dit  Roland  Barthes : 
«  C’est d’abord qu’elle est un acte , le mot est  puissant. Mais surtout qu’elle est irréversible : nulle parole ne peut se reprendre : livré  au logos, le temps  ne peut se remonter , sa création est définitive […] car le mot est indestructible . »

Roland Barthes: "Sur Racine "

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