L’Oiseau bleu
Tyltyl et Mytil sont les enfants d’un couple pauvre et leur foyer est modeste. De leur fenêtre ils suivent les ébats de plus riches constatant les différences sans envie ni amertume. La pauvreté est leur condition et le bonheur est ailleurs.Une nuit la fée Berylune vient les convaincre de partir à la recherche de l’Oiseau bleu qui seul peut soigner sa fille en lui révélant le secret du Bonheur.
Ce conte initiatique les conduira successivement dans les univers concrétisant chacun les grands problèmes de l’existence, où le savoir et la science personnalisés par la Lumière s’opposent aux efforts de La Nuit dans la quête de la vérité que symbolise l’Oiseau bleu.
La principale révélation est dans l’âme des choses que l’homme néglige et bafoue quotidiennement en les réduisant au silence. En contrepartie, les « choses » conçoivent peu d’amour pour l’homme. Il en résulte la séparation des hommes et de la Nature déplorée par l’idéalisme allemand de l’époque et la conception de Maeterlinck selon laquelle l’univers est animé d’une intelligence universelle constituée de l’ensemble
En vertu de ce principe cher à Maeterlinck, la mort n’existe pas (acte IV, Le Cimetière) ce qui nous vaut également un acte admirable où les morts vivent du souvenir des vivants (acte I, Le Palais du souvenir). L’acte V nous situe dans le Royaume de l’Avenir. Les âmes attendent leur tour pour descendre sur terre, contrôlées par le Temps, personnage incorruptible, l’épisode témoigne du dualisme de Maeterlinck qu’il serait réducteur de traduire par un moralisme étriqué : toutes les âmes doivent apporter sur terre leur contribution, chacune d’elle a, dans la marche du monde, son rôle à jouer et sur aucune des actions futures n’est émis le moindre jugement de valeur.
Bien sûr, l’Oiseau bleu est insaisissable ; semblable à la Vérité, ses couleurs disparaissent dès qu’on le sort de son contexte.
Du monde moderne, le songe le plus pur.
Quel est ce texte dont il sied toujours de sourire si l’on veut paraître intelligent ? Quelle est cette pièce que Moscou ne cessa jamais de représenter depuis sa création, quels qu’aient été les bouleversements politiques qui l’agitèrent ? Quelle est cette œuvre qui attira nombre de cinéastes aux esthétiques pour le moins contradictoires. Il faudrait un jour s’atteler de tenter de la comprendre.
Marc Quaghebeur pour la préface de l’Édition Babel théâtre.
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