La mer, la mer toujours recommencée selon Paul Valéry …
La mer dont les rouleaux sur la plage scandent l’implacable répétition , la patiente érosion du temps, le roulement sans fin de la roche jusqu’à sa réduction en une multitude de grains de sable.
La mer qui laisse notre regard s’apaiser sur son immensité étale où l’œil glisse jusqu’à l’horizon sans rencontrer d’obstacles , camaïeux de bleus et de verts animés par les rayons du soleil qui viennent danser sur les vagues et se disperser en mille paillettes étincelantes .
Les oiseaux de mer semblent dans leurs ébats planants souligner encore cette sérénité, où le bruit des vagues n’est qu’une forme du silence .
L’Azur, l’Azur, l’Azur, l’Azur….
Le regard s’étire jusqu’à l’azur , tendu vers l’horizon lointain où sombre le soleil, le soir en se couchant, pour apparaître encore le lendemain, ailleurs... , mais sur un horizon tout semblable.
Comment imaginer cette immensité si calme se changeant en furie ?
Pourtant, d’un coup le vent se lève .. "il faut tenter de vivre"….ajoute Valéry
Les vagues gonflent ce sont les quarantièmes rugissants , Le Cap Horn , le maelstrom norvégien , celui d' Edgar Poe.
Quand tout entière semble t-il, elle se soulève pour engloutir le grand navire, avaler le fragile esquif ….
Les vagues se creusent , les étraves fendent les montagnes fluides
Les paquets de mer s’écrasent sur les ponts, brisant les mâts et déchirant les voiles
Ce n’est plus le mariage avec l’Azur mais l’accouplement avec l’ouragan , et la brûlure du sel sur les plaies des mains enchaînées aux cordages.
Le bois craque , le bateau souffre…
C’est Typhon de Conrad , c’est Océano Nox de Hugo et le tombeau de combien de marins.
Sur la côte elle se précipite en dévoreuse ; furieuse , elle se rue à l’assaut du rocher qui résiste, se dresse et puis s’écrase, inlassablement dans des gerbes d’écume, pour aussitôt renaître et porter un nouvel assaut. Et dans cette ardeur à vaincre le poète des fleurs du mal unit l’Homme libre à la mer , lutteurs éternels, ô frères implacables ».
Et puis à nouveau calme, apaisée, sa brise marine caresse l’ennui et nous invite au départ , promesses des rivages parsemés de coquillages , oiseaux ivres d’écume « Fuir ! là-bas fuir … » oubliés , les naufrages …. « ..Mais ô mon cœur , entends le chant des matelots !
Tandis que sur la plage inondée de soleil , les enfants rient de l’acharnement de la vague sur leurs châteaux de sable …..
Etude , plage 2006 |
Echos empruntés à :
Paul Valéry :Cimetière Marin
Stéphane Mallarmé : Brise marine , L’Azur
Victor Hugo : Océano nox
Charles Baudelaire : l' Homme et la mer
Edgar Poe :Une descente dans le Maelstrom
Joseph Conrad : Typhon
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