lundi 16 mai 2011

Le désert , une expérience du sublime, sentiment du sacré ...


Une expérience du   sublime  

Face au désert


 
          Lorsqu’on découvre le désert,  que le regard embrasse sa vaste étendue, qu’elle soit de sable ou de chaos rocheux , les impressions qui prédominent sont elles liées au vertige d’un  horizon infiniment lointain, au silence  ou bien à l’immobilité ? 
N’ayant  pas été moi-même confrontée au désert ,je ne  peux qu’imaginer , au travers de mes lectures , des films,  des photos et j’en déduis à tort ou  à raison , que toutes  ces impressions  doivent se superposer,  se mêler,   pour créer ensemble cette atmosphère sacrée   qui envoûte , force l’admiration,  tout en en inspirant le respect et la crainte. 
De tous ces états si incompatibles avec l’être humain , celui de l’immobilité est peut-être  le plus fort  ou du moins  le  plus étrange  , le plus caractéristique du désert . 
L’homme est par principe mouvement  et ici tout semble figé. Tout ce qui bouge  en est absent : hommes, bêtes, herbes, feuillages , jusqu’au ciel  sans nuage.   Le soleil lui-même  semble  avoir arrêté sa course  tant sa chaleur implacable  étire les heures durant  lesquelles il brûle.
Dans le désert  les  ennemis que l’homme affronte sont  immobiles  et lui aussi  économise ses gestes,  et ses paroles. 
Absence de mouvement  , absence de bruit  , la solitude  se révèle par  l’unique source  de ce qui vient rompre  l’immobilité  et le silence  , celle de l’homme  qui marche dans le désert. 
Et le temps également lui échappe ,  il n’est plus  à sa mesure  comme si  le sien et celui  du milieu qui l’environne  étaient différents.  Que signifie à son horloge les traces laissées par les eaux  qui  ont  creusé  il  y a si  longtemps ces profonds canyons aujourd’hui arides  ? la lente érosion qui a  poli  les roches ? le déplacement  non perceptible des immenses dunes ?
La perte de ces repères  habituels  doit  provoquer  chez le marcheur  qui l’affronte  pour la première fois une sorte de vertige  , certains parlent d’ivresse pour l’ajouter aux mirages . 
Alors  que cherche l’homme  dans ces conditions aussi inhospitalières ? qu’est-ce qui  l’attitre ?
 Passons  sur la nécessité : la route des caravaniers,  les champs pétrolifères  , l’or  noir ou le blanc ( le sel) . 
Le commerce  a du souvent  composer avec le désert  Avec ces grands marchés  où s’achevaient la route des caravanes déversant  leurs trésors venus des confins du monde , il est possible qu’il ait fait  jaillir dans notre  imaginaire cette  source de nos enchantements  pour séduire  nos différents penchants,  le mystique comme l’aventurier , l’ascète comme le chasseur de trésors .
Antinéa de Pierre Benoît  , Lampe merveilleuse d’Aladin, météorite de Théodore  Monod,  la rose bleue des sables  continue de nous hanter  pour nous  pousser  à franchir  les  portes qu’on  ouvre par un Sésame.
Mais  au-delà  du merveilleux  , c’est sans doute  la promesse  d’une quête qui  lie l’homme  au désert  , l’espoir de s’y retrouver  soi-même  autant que l’espérance  de découvrir l’oasis  au  milieu des sables . 
C’est  aussi par l’effort qu’il exige pour le braver, la démonstration  de  la confiance de l’homme  en ses capacités, sa  prédisposition  irréductible à  l’espérance.
  ( sur  Citadelle  2006 )

Gerry (2002)- Trailer

 (La séquence video  hélas  ne  rend pas  compte suffisamment  de  ce sentiment  du  sublime  communiqué  par   les   merveilleuses  images  du  film  de Gus Van  Sant   associées   à  la   musique  d'Arvo  Pärt   " Spiegel im  Spiegel "  qu'on    a  déjà  retrouvée   dans  le  Miroir  de Tarkovsky )

 

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