Hérodias Paul Delaroche |
Hérodiade
Ses yeux sont transparents comme l'eau du Jourdain.
Elle a de lourds colliers et des pendants d'oreilles ;
Elle est plus douce à voir que le raisin des treilles,
Et la rose des bois a peur de son dédain.
Elle rit et folâtre avec un air badin,
Laissant de sa jeunesse éclater les merveilles.
Sa lèvre est écarlate, et ses dents sont pareilles
Pour la blancheur aux lis orgueilleux du jardin.
Voyez-la, voyez-la venir, la jeune reine !
Un petit page noir tient sa robe qui traîne
En flots voluptueux le long du corridor.
Sur ses doigts le rubis, le saphir, l'améthyste
Font resplendir leurs feux charmants : dans un plat d'or
Elle porte le chef sanglant de Jean Baptiste.
Elle a de lourds colliers et des pendants d'oreilles ;
Elle est plus douce à voir que le raisin des treilles,
Et la rose des bois a peur de son dédain.
Elle rit et folâtre avec un air badin,
Laissant de sa jeunesse éclater les merveilles.
Sa lèvre est écarlate, et ses dents sont pareilles
Pour la blancheur aux lis orgueilleux du jardin.
Voyez-la, voyez-la venir, la jeune reine !
Un petit page noir tient sa robe qui traîne
En flots voluptueux le long du corridor.
Sur ses doigts le rubis, le saphir, l'améthyste
Font resplendir leurs feux charmants : dans un plat d'or
Elle porte le chef sanglant de Jean Baptiste.
(Théodore de Banville )
Judith de Botticelli |
Mais bien sûr , il s'agit de Judith et la tête est celle d'Hollopherne , le tableau de Paul Delaroche est beaucoup plus vraisemblable . Pourtant , si voluptueuse, elle me semble trop sévère pour le poète.
C'est vers les symbolistes qu'il faut se tourner et Vers Gustave Moreau en particulier qui l'a peinte dans de nombreuses scènes :
G Moreau Salomé 1 |
L'apparition détail |
Nous sommes en fait en présence le plus souvent de Salomé , fille d'Hérodias .
Le mythe de Salomé et Hériodias a souvent inspiré les arts et les lettres , surtout à partir du XIXème s .Pourtant son signalement dans la Bible se limite à deux ou trois lignes :
.....Elle a épousé en secondes noces , Hérode Antipas le frère de son mari Hérode Boethos avant la mort de celui-ci , et dont elle avait une fille Salomé.
Le mythe poursuit : Outragé par les dénonciations publiques de Jean Baptiste , le couple royal le fait emprisonner . Hérodias , particulièrement incriminée , veut obtenir la tête de Jean Baptiste et l'obtient en se servant des charmes de sa fille Salomé convoitée par Antipas .
[...]On avait déplié le vélarium, et apporté vivement de larges coussins auprès d'eux. Hérodias s'y affaissa, et pleurait, en tournant le dos. Puis, elle se passa la main sur les paupières, dit qu'elle n'y voulait plus songer, qu'elle se trouvait heureuse ; et elle lui rappela leurs causeries là-bas, dans l'atrium, les aux étuves, leurs promenades le long de la voie Sacrée, et les soirs, dans les grandes villas, au murmure des jets d'eau, sous des arcs de fleurs, devant la campagne romaine. Elle le regardait comme autrefois, en se frôlant contre sa poitrine, avec des gestes câlins. - Il la repoussa. L'amour qu'elle tâchait de ranimer était si loin, maintenant ! Et tous ses malheurs en découlaient ; car, depuis douze ans bientôt, la guerre continuait. Elle avait vieilli le Tétrarque. Ses épaules se voûtaient dans une toge sombre, à bordure violette ; ses cheveux blancs se mêlaient à sa barbe, et le soleil, qui traversait le voile baignait de lumière son front chagrin. Celui d'Hérodias également avait des plis ; et l'un en face de l'autre, ils se considéraient d'une manière farouche [...]
Abolie, et son aile affreuse dans les larmes
Du bassin, aboli, qui mire les alarmes,
Des ors nus fustigeant l'espace cramoisi,
Une Aurore a, plumage héraldique, choisi
Notre tour cinéraire et sacrificatrice,
Lourde tombe qu'a fuie un bel oiseau, caprice
Solitaire d'aurore au vain plumage noir...
Ah ! des pays déchus et tristes le manoir !
Pas de clapotement ! L'eau morne se résigne,
Que ne visite plus la plume ni le cygne
Inoubliable : l'eau reflète l'abandon
De l'automne éteignant en elle son brandon
Du cygne quand parmi le pâle mausolée
Ou la plume plongea la tête, désolée
Par le diamant pur de quelque étoile, mais
Antérieure, qui ne scintilla jamais.
Crime ! bûcher ! aurore ancienne ! supplice !
Pourpre d'un ciel ! Étang de la pourpre complice !
Et sur les incarnats, grand ouvert, ce vitrail...
Le mythe de Salomé et Hériodias a souvent inspiré les arts et les lettres , surtout à partir du XIXème s .Pourtant son signalement dans la Bible se limite à deux ou trois lignes :
.....Elle a épousé en secondes noces , Hérode Antipas le frère de son mari Hérode Boethos avant la mort de celui-ci , et dont elle avait une fille Salomé.
Le mythe poursuit : Outragé par les dénonciations publiques de Jean Baptiste , le couple royal le fait emprisonner . Hérodias , particulièrement incriminée , veut obtenir la tête de Jean Baptiste et l'obtient en se servant des charmes de sa fille Salomé convoitée par Antipas .
L'histoire est le sujet d'un des trois contes de Flaubert : (la légende de Saint Julien l'hospitalier , Un Coeur simple et Hérodias)
[...]On avait déplié le vélarium, et apporté vivement de larges coussins auprès d'eux. Hérodias s'y affaissa, et pleurait, en tournant le dos. Puis, elle se passa la main sur les paupières, dit qu'elle n'y voulait plus songer, qu'elle se trouvait heureuse ; et elle lui rappela leurs causeries là-bas, dans l'atrium, les aux étuves, leurs promenades le long de la voie Sacrée, et les soirs, dans les grandes villas, au murmure des jets d'eau, sous des arcs de fleurs, devant la campagne romaine. Elle le regardait comme autrefois, en se frôlant contre sa poitrine, avec des gestes câlins. - Il la repoussa. L'amour qu'elle tâchait de ranimer était si loin, maintenant ! Et tous ses malheurs en découlaient ; car, depuis douze ans bientôt, la guerre continuait. Elle avait vieilli le Tétrarque. Ses épaules se voûtaient dans une toge sombre, à bordure violette ; ses cheveux blancs se mêlaient à sa barbe, et le soleil, qui traversait le voile baignait de lumière son front chagrin. Celui d'Hérodias également avait des plis ; et l'un en face de l'autre, ils se considéraient d'une manière farouche [...]
Mallarmé en fait l'argument de son poème tragique :
Hérodiade
Ouverture ancienne d'Hérodiade
La Nourrice
(Incantation)Abolie, et son aile affreuse dans les larmes
Du bassin, aboli, qui mire les alarmes,
Des ors nus fustigeant l'espace cramoisi,
Une Aurore a, plumage héraldique, choisi
Notre tour cinéraire et sacrificatrice,
Lourde tombe qu'a fuie un bel oiseau, caprice
Solitaire d'aurore au vain plumage noir...
Ah ! des pays déchus et tristes le manoir !
Pas de clapotement ! L'eau morne se résigne,
Que ne visite plus la plume ni le cygne
Inoubliable : l'eau reflète l'abandon
De l'automne éteignant en elle son brandon
Du cygne quand parmi le pâle mausolée
Ou la plume plongea la tête, désolée
Par le diamant pur de quelque étoile, mais
Antérieure, qui ne scintilla jamais.
Crime ! bûcher ! aurore ancienne ! supplice !
Pourpre d'un ciel ! Étang de la pourpre complice !
Et sur les incarnats, grand ouvert, ce vitrail...
[... ]
J'aime l'horreur d'être vierge et je veux
Vivre parmi l'effroi que me font mes cheveux
Pour, le soir, retirée en ma couche , reptile
Inviolé sentir en ma chair inutile
Le froid scintillement de ta pâle clarté
Toi qui te meurs, toi qui brûle de chasteté,
Nuit blanche de glaçons et de neige cruelle .
J'aime l'horreur d'être vierge et je veux
Vivre parmi l'effroi que me font mes cheveux
Pour, le soir, retirée en ma couche , reptile
Inviolé sentir en ma chair inutile
Le froid scintillement de ta pâle clarté
Toi qui te meurs, toi qui brûle de chasteté,
Nuit blanche de glaçons et de neige cruelle .
[....]
Aubrey Beardsley (1872-1898) Illustration pour "Salomé d' Oscar Wilde |
Le mythe aurait atteint sa célébrité avec la pièce d' Oscar Wilde , écrite en français par le poète britannique à cause de la censure.http://morne.free.fr/celluledessites/Mossa/Mossa23.htm
La complexité du mythe a fourni également un référent appréciable à la psychanalyse .
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire