Schubert String Quintet in C II Adagio Part 1
8 janvier
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Lire le contenu de l’article suffit pourtant à montrer à quel paroxysme d’émotion pouvait se situer Elena . Paul Bakura Skoda l’auteur de l’analyse semblait avoir pénétré l’œuvre de Schubert avec sensibilité semblable à la sienne mais avec une finesse, une compétence , une profondeur qu’elle ne pouvait que lui envier .
Bakura Skoda , n’avait pas hésité à porter l’œuvre au somment de l’ art musical et affirmait ce qu’elle se plaisait à mettre en avant , ce qu’elle avait reconnu elle-même dans le compositeur, sa vitalité et son énergie dépassant la vision tragique de la plus intense des douleurs , de la mort ou d’un amour déçu , ou encore des cruautés de l’existence . Cette absence de résignation lui semblait pour elle une leçon de vie plus clairement exprimée que toute expression philosophique .
Mais comme Badura Skoda , elle ressentait l’intensité de l’adagio dans sa description de la douleur de l’abandon , son cri dans le désarroi de la séparation , l’impuissance de l’amant délaissé : une phrase poignante semble crier »pourquoi m’as-tu abandonné ?-"
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Article de Bakura Skoda pour l’Edition du grand quintuor
en ut, par Arcana Charlotte et Michel Bernstein editeurs .
en ut, par Arcana Charlotte et Michel Bernstein editeurs .
Franz Schubert
Le quintette en ut majeur, opus 163,D 956
(un essai de Paul Badura- Skoda )
Ceux qui apprécient ce morceau musical, se réjouiront sans doute tout autant que moi de cette analyse apologétique :
« « Le quintette en ut majeur est l’une des plus grandes œuvres de la musique occidentale. La perfection de sa forme, la profondeur de son message, la beauté de la sonorité des cordes et sa richesse mélodique en font un sommet de la création Schubertienne. Seul celui qui a entrevu l’autre rive du Styx, le fleuve qui enserre le royaume des morts peut créer une œuvre d’une telle portée. C’est Schubert le mystique qui s’y révèle, apparenté aux poètes et aux mystiques de Silésie, le pays des ancêtres du musicien, ceux qui comme Jacob Böhme ou Angelus Silesius , avaient une seconde vision . Mais cette œuvre ne se détourne en aucun cas du monde, elle n’est pas morbide, elle est au contraire pleine de vitalité.
On peut remarquer à quel point nombre de commentateurs ressentent d’une façon analogue cet au-delà insaisissable. « Ce que Schubert dans l’Adagio du Quintette , rend sensible et inclut dans le temps, c’est une expérience anticipée de la mort, c’est un coup d’œil de visionnaire sur cette autre rive, qu’i a si souvent invoquée dans ses Lieder ».
Mais ce n’est pas la mélodie infinie, supraterrestre de l’Adagio qui imprègne l’auditeur d’une façon indélébile, mais le second thème si parfait et si simple du premier mouvement . C’est certainement ce thème , qui semble reposer en lui-même, qui fit dire à un grand interprète de notre époque : « Quand viendra l’heure de ma mort , c’est le quintette de Schubert que je souhaite entendre ». La douce oscillation de ce thème, sa courbe , ne sont qu’une halte, une vision de la paix . Avant , et surtout après, le premier mouvement se déroule d’une façon dramatique dans une structure majestueuse et gigantesque.
Le deuxième mouvement, un Adagio dans la tonalité mystique, de mi majeur, est le mouvement lent le plus vaste que Schubert n’ait jamais composé . La mélodie infinie (2 fois 14 mesures) est donnée au second violon, nimbée d’un jeu de formules et d’interjections, au premier violon et au deuxième violoncelle. Brusquement cette vision céleste d’une nuit étoilée est brisée par l’irruption de la partie centrale. C’est comme si une douleur épouvantable, cherchant à s’extérioriser et ne pouvant s’apaiser, ébranlait au plus profond de son âme celui qui se laissait aller à cette paisible vision. Une phrase poignant qui ne cesse de revenir semble crier : » Pourquoi m’as-tu abandonné ». Bien entendu un tel ébranlement ne peut rester sans efet le motif éruptif de la partie centrale vibre en écho, comme un tressaillement souterrain, , lors de la reprise de la partie ne mi majeur, pour se décharger , tout à fait à la fin, encore une fois dans un fortissimo en fa mineur qui , par une modulation magique (1) se dissout enfin dans un mi majeur pp . la paix est retrouvée.
Le troisième mouvement Scherzo se démarque radicalement du monde rêveur de l’Adagio :L’énergie y fuse . Il anticipe en même temps le scherzo de le 4ème symphonie de Bruckner. Mais là où Bruckner , selon ses propres termes, décrit une halte de chasseurs dans la forêt ,, pour Schubert , c’est une descente aux enfers,, non dans l’Inferno de Dante, mais dans le royaume de la mort de la tradition juive, celui des ombres , le nadir. La manière dont Schubert présente cette vision donne au sens propre le frisson. Partant d’un fa mineur apparent, des passages unisono descendants conduisent à une cadence plagale en ré bémol majeur. L’impression de chute sans fin est remplacée dans la seconde parie du trio par un nouvel abaissement des degrés de la cadence .. . s’y ajoute une dynamique typiquement Schubertienne : ppp suivi d’un diminuendo sur 4 mesures , ce qui conduit là où il n’y a vraiment plus de substance. Je ne connais rien de comparable dans toute la littérature musicale, des classiques aux modernes Mais avec ce sol est atteinte la dominante de la tonalité de base do majeur ; 8 mesures crescendo suffisent pour quitter cette vision de la mort et revenir à la vie avec la reprise du Scherzo.
Le plus grand miracle de cette œuvre est peut être que Schubert soit arrivé à composer un fial digne de ces trois premiers mouvements gigantesques où toute mesure explose. …..[…]
Et là comme il serait insensé de rivaliser avec la mélodie sublime du début, ce mouvement se concentre sur l’élément rythmique, dansant, où la formule « bref-bref-long » tient le premier role. Le second thème lui dans sa tonalité normale de sol majeur, apporte à l’œuvre une ambiance encore inouïe : la joie de vivre , simple et spontanée Il n’est pas faux de parler ici d’une bienheureuse ivresse à la viennoise ….
Et c’est précisément dans ce thème léger que le chant des deux violoncelles évoque toujours davantage le second thème du premier mouvement . Dans le même temps, en réaction à la joie sensuelle de ce thème, le troisième thème , tenu doucement, n’apporte que les harmonies de ses notes égales, sans aucun motif rythmique , ce voile mystique plane dans une pureté et une beauté de sonorité qui dépasse même celle du second mouvement. Après une reprise en partie variée de ces thèmes, la coda s’élève à une dernière extase Mais même le radieux do majeur final se rappelle de la relation en demi –ton des deuxièmes et troisième mouvements les deux dernières notes sont ré-bémol do et il faut certainement y voir un geste de défi. (2)
1)suite napolitaine dans sa variante mineur propre à Schubert )
2)On est tenté ici de citer Beethoven ; » je veux saisir le destin à a gorge »(message édité le 29/4/2011, erreur de manip !! )
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