Je suis très sensible à ces " reprises " et, parcourant au hasard un de mes livres d'art , je croise à nouveau l'association de ces deux peintres , association fort bien choisie mais que je trouve saisissante dans l'infini des possibles suggérés par le sujet .
J'accepte l'émotion de ce hasard , tout en pensant qu'un critique d'art éclairé a bien pu faire école ou que le peintre contemporain a révélé quelque part son attachement à son vieux maitre .
Chardin
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Jean-Baptiste Siméon Chardin : La tabagie |
" L'équilibre de la composition est impressionnant : les objets sont disposés dans un ordre et selon une règle qui n'admettent pas la moindre modification , instaurant un rapport bien précis entre eux et l'arrière plan. En effet Chardin calibre l'espace avec une sensibilité rare et place ses objets avec un soin scientifique jusqu'à ce quil obtienne l'équilibre extraordinaire qui caractérise toutes ses compositions. L'harmonie chromatique - avec ses accords recherchés entre les tons clairs et les tons sombres , les tons froids et les tons chauds , et surtout l'empâtement des couleus - contribue à cette sensation d'équilibre avec des touches qi se superposent et se mélangent en créant des effets harmonieux . Pour obtenir les tonalités sobres et solides qui caractérisent ses oeuvres, Chardin travaille très longuement l'empâtement de ses couleurs, le redéfinissant pour chacune de ses oeuvres. Il peut y travailler pendant des mois. C'est pourquoi ses tableaux finissent par coûter fort cher . Chardin ne lésinera jamais sur le temps infini consacré à chacune de ses natures mortes, mais celà l'empêchera de répondre à toutes les demandes et l'obligera à recourir aux gravureset même aux copies. Dans ce tableau l'attention se porte sur l'élément vertical clair constitué par le broc, entouré de la tasse et du couvercle, à peine tacheté par les tons de la décoration bleue et rouge, qui se conjugue avec la pipe appuyée sur le volume carré de la mallette. Le jeu rythmé du plan horizontal du plan horizontal de la table en pleine lumière, du plan vertical du couvercle de la mallette doublé de vert et des plans successifs des objets, interrompus par la diagonale élégante de la la longue pipe, donne une vie mystérieuse à la composition .
Morandi
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Giorgio Morandi : Nature morte 1919 |
Dans l'oeuvre de Morandi dont l'importance est à l'inverse de la modestie des sujets représentés, nous sentons l'admiration de l'artiste pour des peintres tels que Vermeer, Chardin ou Cézanne.
Ses fantastiques natures mortes acquièrent par leur composition une significatioon profonde qui dépasse le sujet , obéissent toutes à une "règle" naisant de la cohérence des rapports entre l'ordre des forme et les variations tonales dans la gamme réduite des blancs, des jaunes, des ocres et des gris .
(Textes extraits de Regards sur la peinture , éditions Fabbri )
Et pour moi la vision la plus "achevée" des oeuvres de Morandi, réside justement dans leur inachèvement...
RépondreSupprimerquand les couleurs très proches "brouillent" le modèle, ou quand la lumière les révèlent autrement ( par exemple dans ses quelques aquarelles )... comme également dans ses gravures
"Le point d'achèvement " , le désespoir du peintre !....
RépondreSupprimerJe ne connais que les toiles de Morandi , il faudra que j'explore davantage .
alors, cet article, à partir d'un texte de Sylviane Dupuis, vous en montre une
RépondreSupprimerhttp://ecritscrisdotcom.wordpress.com/2012/01/12/sylviane-dupuis-au-seuil/
Merci , je ne connaissais pas cette manière chez lui .
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