vendredi 29 juillet 2011

Rêverie (Claude Roy)

Clairière

Rêverie

 Tes  pensées se relèvent et l'herbe après tes pas
Tes pensées qui se pensent paresseusement
l'herbe  du  vieux sentier où l'on  ne passe plus
seulement les chevreuils indifférents aux  hommes

Il y a plus de  chemins dans ta foret  pensive
Que dans les bois d'hiver où  tu marches en silence
J'en connais deux ou trois   Je me perds dans les autres
Rêverie est le nom  que te donnent les chênes

Si   au  carrefour perdu  d'un  très vieux souvenir
et  du layon de  ronces qui  conduit à  l'étang
tu me rencontres à l'improviste  n'aie pas peur Rêverie
C'est moi     Ce  n'est personne   C'est moi  qui  pense à  toi

Je te laisse flotter aux marges de la brume
seule  comme la forêt   et  comme elle  peuplée

Le Haut du bout  1983 
(A la  lisière du temps , déjà  l'hiver  )

4 commentaires:

  1. très beau, j'aime beaucoup,


    et la simplicité du déroulement des phrases, et toujours ce rapport au visuel.

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  2. Il faut que je corrige j'avais dû supprimer un mot qui me paraissait "contaminé " par des liens mal venus ;-)
    J'ai beaucoup d'admiration pour Claude Roy qui a su allier la grande simplicité à une poésie de très haut niveau !

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  3. -
    Allons retrouver les jours,
    Et entr'ouvrir les volets,
    Pour laisser guider nos pas,
    Loin des chapelles à l'oeil de tristesse,
    Closes sur elle-mêmes,

    Il y a plein de voies,
    Qui sait où elles nous mènent ?
    On les voit silloner l'étendue,
    Où se multiplient les possibles,
    Bien sûr gardés du secret des herbes,

    Peut-être qu'ils se perdent en brousse,
    Ou se rétrécissent soudain,
    Comme le végétal se referme lentement,
    Sur les chemins oubliés,
    De trajectoires mortes.

    Mais la plupart persévèrent,
    Et délaissent l'oubli, et l'ignorance,
    Pour s'élancer, contourner blocs et falaises,
    Ou passent, en brèches de lumière,
    Malgré les clôtures et frontières de béton.

    Alors, tu seras attentive,
    Ne te limitant pas à la course des jours,
    Mais aux lendemains des possibles,
    Qui éclosent même,
    A l'intérieur.

    Si tu gardes tes paupières scellées.


    RC - 2 septembre 2013

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  4. C'est sympa de mettre ici un de tes poèmes. Merci !
    J'ai envie de dire que ma petite clairière s'accommode bien de la rêverie de Claude Roy et des mystérieux possibles que tu nous invites à découvrir.Je m'y retrouve bien .

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