Voyage à Hambourg, le port

Pour ceux qui ne connaissent  pas  Hambourg  ou  qui  souhaitent   ranimer quelques souvenirs  , je vais  faire  défiler   durant  quelques pages  les impressions  recueillies   au  cours de  ces  derniers jours  passés  là-bas , dans le nord  de  l'Allemagne ,  entre  Hambourg  et  Lübeck et  il  me faudra  user  de nombreux superlatifs  pour  évoquer   ces lieux pittoresques si  pleins de  contrastes  et au  fort passé  historique  .

Je ne   vous apprendrai rien  en  disant  que  Hambourg  c'est  d'abord  un  port  !

Un port  gigantesque   établi  sur  l'Elbe (1) éclatée en de nombreux bras  au  fond  de  son  estuaire qui en  font  un dédale  ou se  croisent   navires  élégants  aux dimensions humaines  et    énormes  mastodontes  porte-containers  hauts comme  des  tours  , venus  là  se  délester  de  leur cargaison  afin  de mieux  se  charger  à  nouveau de marchandises ,  à la faveur   d'immenses grues  créant  un  univers  de ferraille  rouillée ou  vivement colorée selon  les âges et en  perpétuelle  animation .

Toujours  tenus à  distance par  le  gigantisme des infrastructures , les bruits de la respiration de  ces  colosses  enchainés nous  parviennent  sourds  et  étouffés  traversés par  le  cri   strident  des   immanquables  mouettes et  cormorans.

Des dizaines  d'écluses   régulent   les variétés de  tonnages   des  bâtiments , imposant  leur  lente  cadence   à l'intensité du  trafic pour le grand plaisir  du  touriste  fasciné  par   la démesure des machines et  la circulation  parmi  ces   géants   dociles.

Sur les  quais   pénétrant la ville  en de  multiples accès, en apparence  désordonnée,  la foule  s'agite  à sa  mesure ; aux  rythmes  déterminés par  leurs fonctions  les   groupes  se mêlent   : ouvriers des nombreux   chantiers ajustant constamment  les limites  de  la ville  et  du  port  , salariés de  cette  immense  plateforme   commerciale productrice d'emplois en  tous genres,  hommes  d'affaires,  plaisanciers,  touristes,  , badauds et  automobilistes  . Les bâtiments à l'architecture hétéroclite  s'adaptent eux  aussi  audacieusement  à  la frénésie  de l'expansion  en  tous sens  .

Pilonné, bombardé presque  totalement détruit à la fin de  la  seconde  guerre  mondiale , la reconstruction  de   ce poumon de l’Allemagne  du  nord  semble   avoir  exploité  une  force  de   chaos  créateur  dans un défi  vitaliste qui  se  prolonge encore  aujourd'hui  comme   en témoigne   ce  nouvel opéra  qui  n'a pas fini  de  se  dresser , lumineux ,  au  milieu  des   mâtures  et  des   structures métalliques  .

Plus  en  retrait   par rapport  à  la façade  maritime  les  anciens   édifices  épargnés  des  docks  et entrepôts  ayant  fait  au cours  des  siècles la  richesse  de  Hambourg  affichent   discrètement  ( on est tenté de dire  en silence )   leur  austère  prospérité   .

(1)  En réalité    ce  n'est ici  plus l'Elbe  mais  déjà  la  mer   du  Nord  qui  dans  cette  apparence   d'estuaire    pénètre   les terres  .