mais je laisse ici la place à Annie Mavrakis dont le texte suivant est extrait de son site:
http://www.anniemavrakis.fr/2011/01/03/un-reve-de-stavroguine-claude-lorrain-chez-dostoievski/
Un rêve de Stavroguine (Claude Lorrain chez Dostoïevski)
Je suis tombée il y a peu sur ce passage étonnant des Démons
de Dostoïevski, qui n’est pas un auteur particulièrement intéressé par
la peinture, du moins à ma connaissance. Voyageant en Allemagne,
Stavroguine passe par hasard dans une petite ville où il est contraint
de s’arrêter quelques heures. Il revoit alors en rêve un tableau de
Claude Lorain (ci-dessous avec le texte de Dostoïevki) apparemment
idyllique, « enchanteur », un coin en somme de « paradis terrestre » et
qui pourtant semble appartenir à la réalité. Or si l’on connaît
l’histoire d’Acis et Galatée, on ne regarde pas sans inquiétude cette
vision délicieuse. Le géant Polyphème va bientôt la dévaster. Voilà
pourquoi ce rêve merveilleux tourne au cauchemar. Il se dissipe en effet
et il ne reste plus qu’un point rouge, une petite araignée mortelle
dont la piqûre fait renaître non tout à fait les remords de Stavroguine
mais un spectacle insupportable, comme encontrepoint de l’image de
Claude Lorrain : celle d’un petit poing tendu et d’un hochement de tête :
comme si le rêve suscité par le tableau avait rendu plus cruelle encore
la perte d’un bonheur donné et repris (à suivre).
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