Tout d’abord il
faut s’acquitter de s remerciements que je dois à
Michel Covin et
à son article
figurant dans le beau livre
de Pierre Stercks « Les plus beaux textes sur l’art du
XXème siècle » sans lequel
je ne me
serais peut être pas attardée
si longtemps sur cette œuvre
. Ce sont ses mots qui
ont guidé mon regard
et suggéré ces quelques
instants
de réflexion que j’aimerais ,modestement « partager avec vous .
En insistant sur l’ambivalence de cette figure du
sommeil , il m’a fait m’interroger sur d’autres figures venant immédiatement à l’esprit et les impressions suggérées individuellement :
En premier lieu
Odilon Redon et ses
yeux clos ou le rêve qui illustre pour
moi le refuge
dans l’intériorité ; les yeux
clos protègent du monde extérieur et
nul sentiment d’abandon
au spectateur qui
se heurte à une
porte hermétiquement close.
Vient ensuite Khnopff
et sa tiare
d’argent . ici
nous sommes dans le registre du secret
les yeux sont obstinément fermés
presque dans la conscience du
regard du spectateur
.
J’ai pensé aussi
à la noyée
célèbre moule en plâtre
d’un anonyme bien connu
des étudiants des Beaux
arts (au moins à
une époque ! ) Nul doute
sur l’absence dans la paix de la mort .
La muse de Brancusi témoigne , elle ,
d’un véritable sommeil
ou le dormeur s’abandonne au
regard tandis que la
vie s’éloigne dans
un ailleurs qui nous échappe .
Peut être est-ce cette
sérénité lointaine et
détachée , qui me
fait penser aux représentations bouddhistes ?
De cette Asie mystique elle
a la pureté de la
forme , toute en courbes ,la matière :le
bronze doré parfaitement
lisse qui la propose au sacré,
la pose
: tête couchée sur
le coté …
Mais je remarque
alors que cette
tête ne porte
pas d’oreilles , la bouche
est scellée et rien ne suggère
son appartenance à un
corps pas même l’ébauche d’un
cou .
Sourde et muette
autant qu’aveugle c’est
le divorce total avec
la réalité et la paix retrouvée dans cette
rupture avec le monde décapité .
On rejoint ainsi
l’abstraction citée par
Michel Covin , la totalité de l’être concentrée
dans cette ébauche
de l'attribut qu’est cette
tête, plus proche du symbole
que d’une représentation humaine .
Impossible
de percer plus avant le mystère
et de troubler
le sommeil de
la Muse .
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