mercredi 20 novembre 2013

Les Orgueilleux – J.-P. Sartre, à Yves Allégret




Sortie : Novembre 1953.
Réalisation : Yves Allégrert, Rafael E. Portas.
Scénario : Jean Auranche.
Musique : J.-P. Misraki.
Interprétation : Michèle Morgan & Gérard Philipe.

Synopsis

Médecin français ayant sombré dans l’alcoolisme après la mort de sa femme dont il se sent responsable, Georges (Gérard Philipe) s’est réfugié dans un petit village mexicain. Alors qu’il n’attend plus rien de la vie, Georges voit débarquer un jeune couple de touristes, Tom et Nellie (Michèle Morgan). Le décès de Tom à son arrivée dans le village annonce une épidémie de méningite cérébrospinale et laisse Nellie sans aucune ressource dans le village ravagé par la maladie. Ces circonstances extrêmes rapprochent Nellie et Georges au milieu des menaces de déchéances sociale mais aussi morale.



Un mélo disent certains ; pour moi un grand film, de ceux qui vous laissent des souvenirs lumineux.
Quand j’ai découvert sa genèse, lointaine adaptation d’une nouvelle de J.-P. Sartre, j’ai d’abord crié au miracle. Était -il possible de trouver une telle dose de sentiments chez notre philosophe existentialiste ?
J’ai vite déchanté quand j’ai lu qu’il avait renié la version d’Yves Allégret et je me suis précipitée sur la nouvelle.
Les choses se sont remises à leur place : il y avait Typhus de Sartre d’une part et Les Orgueilleux d’Yves Allégret d’autre part, même si les héros portant les mêmes prénoms évoluaient dans une trame comparable. L’imaginaire pouvait bien leur avoir fait suivre les mêmes chemins, les avoir inscrits dans un même dessin, une cartographie existentielle comparable, ils ne pouvaient être confondus.
Il existe entre eux cet abîme qui sépare un humaniste d’un existentialiste blasé.

Le juste.
Peu importe celui dont je me sens le plus proche (les heures de nos vies décident) mais ces personnages sont des possibles l’un comme l’autre tout aussi improbables ou tout aussi hypothétiquement crédibles.
Disjoignons-les donc comme les créatures de deux récits indépendants. Il est  certain  que si Typhus prête davantage à la réflexion, le film d’Allégret fait du bien en flattant notre fibre sentimentale toujours éprise de rédemption.
Je ne pense pas que la nouvelle de Sartre dans un premier temps envisagée au cinéma par Delannoy ait été finalement mise en scène. Quel dommage ! Conçue dans la forme d’un scénario par Sartre, c’est une œuvre cinématographique « clé en mains ».



Encore une question : pourquoi ce titre choisi par Yves Allégret ?
Les Orgueilleux.

Les prédateurs à l’affût des faiblesses.

Danser jusqu’à l’épuisement pour l’oubli dans une bouteille de Tequila.



Conscience, défi, résistance.









Un extrait sur Youtube : http://youtu.be/bBn3mr96aqY.

2 commentaires:

  1. Bonjour Emma,

    Généralement peu coutumier de commenter vos "posts" toujours très intéressants, je me décide pourtant à le faire pour la deuxième fois de suite.
    J'ai vu ce film il y a quelques années et j'en ai gardé une excellente impression. Le jeu des deux principaux acteurs, "monstres sacrés" pour moi, ainsi que cette trame humaniste en sont c'est certain la cause. Sans doute aussi parce que il m'est arrivé de côtoyer ces types de personnages marqués par la vie.
    Heureusement également, que j'ignorais qu'un écrit de J-P Sartre avait inspiré Allégret, car n'appréciant pas sur le plan humain ce philosophe - je lui préfère de loin Raymond Aron plus humaniste et plus"honnête intellectuellement" à mes yeux- j'aurais sans doute visionné un autre film.

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    1. Bonjour Charlie , C'est un plaisir de vous lire ! Bien sûr le film est porté par ces deux "monstres sacrés" ! et aussi par les seconds rôles qui jouent si juste à mon sens avec un faible pour ce vieux médecin qui incarne admirablement dans cette tourmente d'un mal ravageant les esprits autant que les corps, la force inébranlable de la compassion et du dévouement ! Curieux de constater quelle place prennent souvent les seconds rôles au fur et à mesure des visionnages des films ? Et je n'ai pas assez insisté sur ce morceau d'anthologie de la danse de Gérard Philipe pour une bouteille de Tequila . Une performance extraordinaire que je ne me lasse pas de voir ! Youtube en donne un extrait mais la vidéo est bloquée en France . Je ne vous reprocherai pas votre antipathie pour Sartre , il ne fait pas l'unanimité (même si moi je l'apprécie de manière non-inconditionnelle :-) Son sur Les orgueilleux : de J.P. Sartre à Yves Allégret

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