En discussion sur le transhumanisme , une réflexion revient souvent : "Je n'aimerais pas vivre trop longtemps" , ou "vivre une éternité serait bien trop long" , "que ferait-on d'une éternité ?"
Dans un registre poétique ou littéraire ces réflexions sont séduisantes , et semblent inspirées par la sagesse ou le bon sens commun . Le thème en est souvent repris à l'instar de J.R.R. Tolkien qu'on ne peut ranger parmi les pessimistes ou stoïques !
A priori , ça semble sonner juste mais d'un autre coté j'ai bien envie de trouver cette idée absurde.: Qui en pleine possession de ses moyens pourrait refuser l'éternité en bannissant de son futur l'échéance de la mortalité ?
[...]
La Mort et le Bûcheron
Un pauvre
Bûcheron tout couvert de ramée,
Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
Gémissant et courbé marchait à pas pesants,
Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée.
Enfin, n'en pouvant plus d'effort et de douleur,
Il met bas son fagot, il songe à son malheur.
Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde ?
En est-il un plus pauvre en la machine ronde ?
Point de pain quelquefois, et jamais de repos.
Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts,
Le créancier, et la corvée
Lui font d'un malheureux la peinture achevée.
Il appelle la mort, elle vient sans tarder,
Lui demande ce qu'il faut faire
C'est, dit-il, afin de m'aider
A recharger ce bois ; tu ne tarderas guère.
Le trépas vient tout guérir ;
Mais ne bougeons d'où nous sommes.
Plutôt souffrir que mourir,
C'est la devise des hommes.
Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
Gémissant et courbé marchait à pas pesants,
Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée.
Enfin, n'en pouvant plus d'effort et de douleur,
Il met bas son fagot, il songe à son malheur.
Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde ?
En est-il un plus pauvre en la machine ronde ?
Point de pain quelquefois, et jamais de repos.
Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts,
Le créancier, et la corvée
Lui font d'un malheureux la peinture achevée.
Il appelle la mort, elle vient sans tarder,
Lui demande ce qu'il faut faire
C'est, dit-il, afin de m'aider
A recharger ce bois ; tu ne tarderas guère.
Le trépas vient tout guérir ;
Mais ne bougeons d'où nous sommes.
Plutôt souffrir que mourir,
C'est la devise des hommes.
Jean de La Fontaine
(1621-1695)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire