portrait , Ecole hollandaise XVII° |
L'expérience m'ayant appris à reconnaitre que tous les évènements ordinaire de la vie commune sont choses vaines et futiles , et que tous les objets de nos craintes n'ont rien en soi de bon ni de mauvais et ne prennent ce caractère qu'autant que l'âme en est touchée , j'ai pris enfin la résolution de rechercher s'il existe un bien véritable et capable de se communiquer aux hommes, un bien qui puisse remplir seul l'âme tout entière, après qu'elle a rejeté tous les autres biens, en un mot , un bien qui donne à l'Ame, quand elle le trouve et le possède, l'éternel et suprême bonheur . [...]
Je méditais donc en moi-même sur cette question : est-il possible que je parvienne à diriger ma vie suivant une nouvelle règle, ou du moins à m'assurer qu'il en existe une, sans rien changer toutefois à l'ordre actuel de ma conduite , ni m'écarter des habitudes communes ? (Traité de la réforme de l'entendement . Citation par André Scala )
Toujours de André Scala ... Les premiers paragraphes du "Traité de la réforme de l'entendement" ont un caractère et un style exceptionnels dans l'histoire de la philosophie. Écrits à la première personne, ils racontent une tragédie sans faits précis ni identifiables , où intermittente d'abord, la vie philosophique se constitue comme un rythme continu , un enchaînement d'idées. La vie bonne ne peut être une vie d'ignorance, la finalité est la liberté humaine et la liberté humaine est la puissance de comprendre ininterrompue. On y apprend que vivre libre , c'est ne rien mépriser du tout, pas même les richesses et les honneurs. A la lecture on s'étonne, car la vie qui a produit cela apparait inexplicable, admirable , inventive comme celle d'une plante qui, avec peu de lumière se crée " sa propre joie dans un sol inhospitalier"...
Baruch Spinoza écrit son " traité sur la réforme de l'entendement " à 29 ans vers 1660 -1661 Depuis 4 ans il a été exclu de la synagogue et de la communauté juive d'Amsterdam. Excommunié il ne peut exercer d'activité activité commerciale . Il aurait pu enseigner à l'Université de Heidelberg mais il a préféré à la fois quitter Amsterdam pour s'installer à Rijnsburg pour y exercer le métier de polisseur de lentilles (les sciences de l'optique étaient alors en pleine expansion ).
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