Elena aimait à le suivre au gré des liens qu'il lui suggérait créant des repères géographiques à partir desquels elle pouvait associer à leur racines des artistes depuis longtemps admirés , situer le déroulement d'évènements historiques, monter un décor réaliste pour des oeuvres d'art flottant jusque là , dans l' espace indéfini d'une Italie monolithique.
C'était pour elle un plaisir immense de rassembler ces pièces de puzzle et de marier en sa compagnie arts, histoire , géographie, architecture . Il était généreux dans ses partages et savait par quelques mots exciter sa curiosité. Il avait l'intuition de ce qu'elle aimait et ne manquait pas d'insister sur ses motifs favoris . C'était agréable pour lui de trouver quelqu'un d'aussi réceptif à ses interêts et la sympathie qu'elle éprouvait à son égard la rendait avide de ces nouvelles connaissances . Elena avait en effet, cette fâcheuse tendance à mêler à toute chose l'affectif dont semblait dépendre ses facultés de concentration et de mémorisation !
A Mantoue , il mélèrent les richesses du Palais Ducal , les amours licencieuses dramatisés par Verdi , le génie de Mantegna, les merveilles architecturales du quattrocento, et le lyrisme buccolique de Virgile ""Mantova mi generò, la Calabria mi rapì, mi tiene oggi Partenope: cantai i pascoli, le campagne, i condottieri".
. Les jeux de lumière dans les ruines d'une vieille abbaye romane inspirèrent à Tarkovsky son mysticisme... Les jardins s'animaient, les voies s'ordonnaient pour que cheminent les artistes et les princes,jusqu'au Palais des Doges et les rives de la Lagune, s'arretant à la Fenice ou à la billetterie de la Scala .
La barrière de la langue plus encore que l'éloignement limitait leurs commentaires et les laissaient , chaque fois délicieusement insatisfaits , dans un horizon d'attente entretenant l'intensité de leur relation .
Abbazia san Galgano
Avec une réserve peu compréhensible , ils évitaient de parler de Bologne , Emiliano sans doute par modestie et Elena parce qu'elle ne voulait pas paraitre indiscrete , espérant en son initiative.
Ses rares allusions étaient assez critiques et il ne vint pas à l'esprit d'Elena d'aller au delà . Elle pensait pourtant souvent à une de ses premières aquarelles , pâle copie d'un peintre ( dont j'ai oublié le nom) , mais qui , encadrée , supportait d'être regardée et l'avait par conséquent maintenue une bonne partie de son existence en un lien étroit dans l'ombre des deux tours jumelles.
Les siècles séparaient l'image de sa nouvelle réalité dissociant l'objet de sa représentaion et privant Elena d'une projection imaginaire sensible ..
Ce ne fut que bien longtemps après leur séparation qu'elle s'aventura dans les rues de Bologne par cette merveilleuse application informatique qui vous permet d'évoluer dans l'espace géographique virtuel comme si vous y etiez ! Et elle ne s'en priva pas , errant dans cette ville magnifique comme en ont le secret les villes italiennes , aux façades tantôt charmantes et colorées , tantôt superbes dans leur architectures classique , dédales de petites rues , souvent soulignées d'arcades élégantes, palais embellissant les masures voisines , mélanges de rigueur et d'anarchie ....
"Ma piove spesso à Bologna ..."
Bologne Les deux tours ( Aquarelle 19 ??) copie de ? |
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