Un merveilleux peintre tourné vers la mer |
- Le vaisseau d'or
- Ce fut un grand Vaisseau taillé dans l'or massif :
- Ses mâts touchaient l'azur, sur des mers inconnues ;
- La Cyprine d'amour, cheveux épars, chairs nues,
- S'étalait à sa proue, au soleil excessif.
-
- Mais il vint une nuit frapper le grand écueil
- Dans l'Océan trompeur où chantait la Sirène,
- Et le naufrage horrible inclina sa carène
- Aux profondeurs du Gouffre, immuable cercueil.
- Ce fut un Vaisseau d'Or, dont les flancs diaphanes
- Révélaient des trésors que les marins profanes,
- Dégoût, Haine et Névrose, entre eux ont disputés.
-
- Que reste-t-il de lui dans la tempête brève ?
- Qu'est devenu mon cœur, navire déserté ?
- Hélas! Il a sombré dans l'abîme du Rêve !
Emile Nelligan
Poète québécois
1879-1941
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