« Que serait un monde sans la musique ? », disait un certain… « Que serait un monde sans images, sans couleurs, sans les mots ? Que serait l’homme sans émotions ? Son cœur est un luth suspendu ; sitôt qu’on le touche, il résonne. » – de Béranger
mardi 24 juin 2014
Greuze : l'enfant au gilet rouge
Une émotion troublante.
Quelle perfection dans la réalisation de ce portrait ! Ce qu'on admire tout d'abord , c'est la délicatesse de la carnation , le traitement de la chevelure , la souplesse des mèches , les nuances de la coiffure .. c'est aussi la finesse du col qui supporte ce joli visage , le vêtement suggéré , tout celà dans une pose naturelle et sans affectation .. Mais que dire du regard ! de l'expression qui se dégage de cette moue bien sérieuse ? Aucune ébauche de sourire , aucun muscle frémissant , les yeux nous fixent et à vrai dire nous communiquent une certaine forme de malaise . L'enfant semble nous juger , nous lancer un défi , un rien soupçonneux , un peu craintif .
Parce que nous sommes des adultes et vraisemblablement parce que Greuze l'a fait pour des adultes nous sentons que l'enfant attend beaucoup de nous et qu'il s'interroge sur l'avenir que nous lui réservons... et la confiance n'est pas totale . Greuze a fait beaucoup de portraits d'enfants et souvent ils n'expriment qu'un bonheur limité A-t-il projeté dans ces regards l'expérience d'illusions perdues , sa connaissance de la précarité du bonheur ? Ce regard ne veut-t-il pas également nous rappeler notre responsabilité d'adulte ? L'ébauche d'un reproche se lit dans les yeux fixés sur nous et je pense que c'est un motif essentiel de l'émotion suscitée par ce tableau, dans la peinture fragile et vulnérable de l'enfance.
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