Je reproduis ici avec son autorisation l'article de Sunny Winter qui classe ce peintre parmi ses préférés . Nous partageons bien entendu son opinion et cet article complète avec bonheur les quelques pages que nous avons déjà publiées ici sur ce maitre de la renaissance italienne.
Merci à Sunny.
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Sandro
Botticelli
Si
j'aime certains peintres plus que d'autres, c'est parce qu'ils me
touchent, qu'un courant émotionnel passe entre leurs toiles et moi,
que leurs œuvres me parlent, me plaisent, me donnent du bonheur.
Le
premier de ces peintres est
Alessandro
Di Mariano Di Vanni Filipepi,
dit Sandro Botticelli. Tout chez lui est élégance, finesse, reflet
parfait de cette Florence des Médicis, à la fois délurée et
prude, gorgée d'or et d'art, symbole de cette Renaissance qui allait
déferler sur toute l'Europe.
Elève
de Fra Filippo Lippi, il va prendre sa succession, former son fils
Filippino et dépasser son maître. De Fra Lippi, il retiendra la
grâce des madones et Filippino Lippi sera le modèle de son
Saint-Sébastien, qu'il
peint en 1474 sur un pilier de l’Église Santa Maria Maggiore.
Fra Filippo Lippi – Madone de Roccie |
Sandro
Botticelli – Saint-Sébastien
|
C'est
par la peinture allégorique de La Fortezza (la force), commandée
par le Tribunale della Mercanzia en 1470, que Botticelli entre dans
la cour des grands et devient une des célébrités artistiques de
Florence.
Fortezza |
L'atelier
Botticelli connaît alors une période de création intense. Parmi
les tableaux connus, on notera au fil des ans
- Adoration des Mages (1474)
- Portrait d'homme avec la médaille de Cosme de Médicis (1475)
- Portrait de Julien de Médicis (1476)
- Vierge à l'enfant et huit anges (1478)
- Saint Augustin (1480 – Église Ognissanti)
Vierge
à l'enfant avec huit anges
L'année
suivante, en 1481, Sandro est appelé à Rome, par le pape Sixte IV,
pour travailler sur des fresques à la Chapelle Sixtine.
C'est
en 1482 que Botticelli réalise la superbe fresque, Le Printemps,
pour la famille Médicis, dans un style mythologique et allégorique.
On y reconnaît la belle Simonetta Vespucci, que les florentins
appelaient « La sans pareille » et qui passait pour être
la plus belle femme de son temps. Selon certaines sources, elle
serait représentée deux fois dans l’œuvre, à la fois sous les
traits de Flora à droite et sous les traits de l'une des Trois
Grâces (celle de droite, également). Simonetta meurt prématurément
de tuberculose, en 1476, à l'âge de 23 ans. Pourtant quelques six
ans plus tard, c'est elle que choisit Sandro pour le visage de Flore
et la jeune femme morte devient une déesse délicate, au sourire
léger, au front serein, si belle, si vivante. Femme idéale, femme
rêvée, de Botticelli, elle restera son modèle et figurera dans
plusieurs de ses tableaux, même des années après son décès.
L'artiste était-il amoureux de la belle ? En tout cas, il
demandera et obtiendra, d'être enterré à ses pieds dans l’Église
Ognissanti.
Le printemps |
Détail
de Flore dans Le Printemps
C'est
encore en puisant dans la mythologie, que Botticelli décore les murs
de la villa Lemmi en 1483. La fresque Vénus et les trois Grâces
offrant des présents à une jeune fille est un modèle de
délicatesse.
Détail
de Vénus et les trois Grâces offrant des présents à une jeune
fille
Vers
1485, Sandro Botticelli peint son tableau le plus célèbre : La
naissance de Vénus. Une fois de plus, il rend hommage à la beauté
de « La sans pareille ». La déesse de l'amour, ce modèle
de beauté, de grâce et de perfection physique, c'est elle!
Le
tableau, conservé à Florence, au Musée des Offices, est non
seulement un chef d’œuvre, mais un rêve qui a pris forme. Malgré
sa nudité, le corps de la déesse n'a rien de provoquant, il a la
blancheur candide du marbre, le geste est pudique, l'expression est
sereine, le regard lointain, rêveur … Le visage de Vénus a une
beauté intemporelle, qui ne déparerait pas dans une bande dessinée
actuelle.
La
scène est statique et pourtant tout y semble léger, frissonnant
sous le souffle de Zéphyr : les roses qui tombent, l'écume des
vagues, le voile que tient la déesse sur la droite. C'est l'instant
parfait, un charme qu'il ne faut pas briser ...
La
naissance de Vénus
Sandro
Botticelli est désormais au sommet de sa gloire, admiré par ses
pairs, travaillant sans relâche.
En
1489, il peint l'une des plus belles annonciations, pourtant
nombreuses, à toutes les époques. Tout se joue dans les gestes,
Marie, le regard modestement baissé a un geste gracieux, comme une
prière muette, vers l'Ange agenouillé, qui lève les yeux vers
elle, avec un regard éperdument admiratif et un geste de
bénédiction, plein de bonté, qu'il sent presque inutile, puisque
c'est ELLE.
L'Annonciation
En
1493, avec la Madone à la grenade, il nous offre une autre Vierge
émouvante, mélancolique, aux traits purs et déliés, entourée
d'anges. Probablement encore Simonetta.
Madone
à la grenade – détail
Outre
les scènes bibliques et mythologiques, il peint toujours des
portraits, dont en 1495 un portrait de Dante, dont il s'est mis en
tête d'illustrer en partie L'Inferno. Les illustrations disparurent
jusqu'au XVIIe siècle et ne furent pas retrouvée en totalité.
Dante
Les
dernières années de Sandro Botticelli furent assombries par
l'arrivée à Florence du moine Savanarole, qui fanatisa les foules
et provoqua une véritable crise politique et religieuse dans la
cité. Il organisa une véritable chasse aux beaux objets et aux
tableaux profanes. Botticelli fut contraint de porter lui-même
certaines de ses œuvres au bûcher. A partir de ce moment là, il ne
peignit plus de nus féminins.
Savanarole
a déstabilisé Florence, vouée à la beauté et aux arts, en
condamnant les vanités, les bijoux, les livres, la musique, les
objets précieux et le fait que les riches florentins se fassent
représenter dans des tableaux à sujet religieux. Tout est soudain
devenu sujet infâme. Le fait qu'une peste arriva à Florence à ce
moment là, ne fit que monter le fanatisme d'un cran. Finalement,
c'est le pape lui-même qui fera arrêter, torturer et pendre
Savanarole, comme hérétique, mais Florence et ses artistes ont été
durement touchés par cette parenthèse, dans le pouvoir des Médicis.
A
partir de 1500, Botticelli décide de représenter la vie du premier
évêque de Florence, Saint Zénobie en quatre tableaux, qu'il fera
achever par son atelier, car devenu infirme, à partir de 1504, il ne
peut plus peindre. Il laisse inachevée une "Adoration des
Mages", et meurt en Mai 1510 dans la maison de la Via della
Porcellanna, où il aura travaillé toute sa vie, en étant reconnu
comme le plus grand peintre de son époque.
SW
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