« Que serait un monde sans la musique ? », disait un certain… « Que serait un monde sans images, sans couleurs, sans les mots ? Que serait l’homme sans émotions ? Son cœur est un luth suspendu ; sitôt qu’on le touche, il résonne. » – de Béranger
dimanche 20 octobre 2013
Mythe et épopée . G. Dumézil / J.H. Grisward
Les retrouvailles avec un livre c'est pareil aux retrouvailles avec un ami . ..
Au point où je me trouve de ma lecture du Mahâbârata j'espère cette fois éclairer quelques chapitres de l'incontournable livre de G. Dumézil . Il me faudra peut être ensuite pour éclairer d'autres lignes , replonger encore et encore dans d'autres mythologies ....
Cette fois j'ai pris le temps de lire la préface de Joël H. Griswald et c'est avec beaucoup d'émotion que je lis ces mots sur le lecteur et la lecture et je souhaite vous les faire partager :
"Les gros livres font peur, et les grands mots , et les grands noms et les titres aussi , mystérieux, terrifiants ! Mythe, idéologie, fonctions, indo-européen ! Mais souvenons nous de la jolie formule de Rainer Maria Rilke : Tous les dragons de notre vie ne sont peut-être que des princesses qui attendent de nous voir beaux et courageux. Et les dragons se peuvent dompter de deux manières : par la violence et par l'épée comme les dieux et les héros guerriers , par la douceur et par l'étole comme les saints ou les dieux lieurs ! Apprivoiser ! voilà peut être le secret ! Apprivoise-moi dit le livre.
Redonner sa place au temps, à la flânerie , à la patience.
[...]
Au lieu de se buter et de s'acharner sur l'incompréhensible phrase, voire l'incompréhensible paragraphe ou le tortueux alinéa, il (le lecteur apprivoiseur) avance : ce qui ici est énigme insoluble ,obscurité noire, s'éclaire dix ou quinze pages plus loin pour peu qu'il ait eu la sagesse d'attendre.
Une lecture par vagues, faites de flux et de reflux, cède ainsi la place à l’orgueilleuse et, à terme, décourageante lecture d'assaut et pour ainsi dire sans retour. Tout livre a le privilège de s’inscrire , de s'écrire dans un temps réversible où le flâneur a tout loisir de revenir en arrière. S'il est vain d'espérer tout comprendre à la première lecture , du moins saisissons-nous toujours un certain niveau de sens. Il en va des écrits comme d'une coupe géologique : l'un et l'autre s'appréhendent par strates. Il existe des strates de lectures et nous ne lisons jamais deux fois le même livre ; chaque lecture nouvelle s'enrichit de la précédente et nous ne sommes jamais deux fois le même lecteur. Ou encore, un texte étant un tissu, nous suivons tel fil , demain tel autre sans doute, et c’est au croisement de tous ces fils entrelacés que la pièce, -le textus- livre sa signification .
Croisement , carrefour, rencontre ! Un jour , un livre ! Il n’y a que les rencontres qui soient fécondes, et notre histoire personnelle n'est au fond que l'histoire de ces rencontres , avec les êtres, avec les choses , avec les livres ..... "
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