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samedi 12 novembre 2011

Si je mourais là-bas, Apollinaire, Ferrat

Si je mourais là-bas

Si je mourais là-bas...

Si je mourais là-bas sur le front de l'armée
Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée
Et puis mon souvenir s'éteindrait comme meurt
Un obus éclatant sur le front de l'armée
Un bel obus semblable aux mimosas en fleur

Et puis ce souvenir éclaté dans l'espace
Couvrirait de mon sang le monde tout entier
La mer les monts les vals et l'étoile qui passe
Les soleils merveilleux mûrissant dans l'espace
Comme font les fruits d'or autour de Baratier

Souvenir oublié vivant dans toutes choses
Je rougirais le bout de tes jolis seins roses
Je rougirais ta bouche et tes cheveux sanglants
Tu ne vieillirais point toutes ces belles choses
Rajeuniraient toujours pour leurs destins galants

Le fatal giclement de mon sang sur le monde
Donnerait au soleil plus de vive clarté
Aux fleurs plus de couleur plus de vitesse à l'onde
Un amour inouï descendrait sur le monde
L'amant serait plus fort dans ton corps écarté

Lou si je meurs là-bas souvenir qu'on oublie
- Souviens-t'en quelquefois aux instants de folie
De jeunesse et d'amour et d'éclatante ardeur -
Mon sang c'est la fontaine ardente du bonheur
Et sois la plus heureuse étant la plus jolie

Ô mon unique amour et ma grande folie
a nuit descend
n y pressent
n long destin de sang

Guillaume APOLLINAIRE, Poèmes à Lou (1947)
poème composé en janvier 1915
 http://wheatoncollege.edu/academic/academicdept/French/ViveVoix/Home.html

 

 

mardi 10 mai 2011

Raconte moi la mer Jean Ferrat


 Raconte  moi la mer  
Jean Ferrat

Raconte-moi la mer
dis-moi le gôut des algues
et le bleu et le vert
qui dansent sur les vagues

La mer c' est l'impossible
c'est le rivage heureux
c'est le matin paisible
quand on ouvre les yeux

c'est la porte du large
ouverte à deux battants
c'est la tête en voyage
vers d' autres continents

c'est voler comme icare
au devant du soleil
en fermant sa mémoire
à ce monde cruel

la mer c'est le desir
de ce pays d' amour
qu' il faudra découvrir
avant la fin de jour

Raconte-moi la mer
dis-moi ses aubes pâles
et le bleu et le vert
où tombent les étoiles

La mer c'est l' innocence
du paradis perdu 
le jardin de l' enfance
où rien ne chante plus

c'est l' écume et le sable
toujours recommencés
et la vie est semblable
au rythme de marées

c'est l'infinie détresse
des choses qui s'en vont
c'est tout ce qui nous laisse
à la morte saison

la mer c' est le regret
de ce pays d' amour
que l'on cherche toujours
et qu' on n' atteint jamais

Raconte-moi la mer
dis-moi le gôut des algues
et le bleu et le vert
qui dansent sur les vagues.