« Que serait un monde sans la musique ? », disait un certain… « Que serait un monde sans images, sans couleurs, sans les mots ? Que serait l’homme sans émotions ? Son cœur est un luth suspendu ; sitôt qu’on le touche, il résonne. » – de Béranger
samedi 25 février 2017
mardi 14 février 2017
Tristan Corbière : "Décourageux"
Décourageux
Ce fut un vrai poète : il n'avait pas de chant.
Mort, il aimait le jour et dédaigna de geindre.
Peintre : il aimait son art _ il oublia de peindre...
Il voyait trop. _ et voir est un aveuglement.
Songe-creux : bien profond il resta dans son rêve ;
sans lui donner la forme en baudruche qui crève,
Sans ouvrir le bonhomme, et se chercher dedans.
_ Pur héros de roman : il adorait la brune,
Sans voir qu'elle était blonde ... Il adorait la lune;
Mais il n'aima jamais _ Il n'avait pas le temps.
_Chercheur infatigable : Ici-bas où l'on rame,
Il regardait ramer, du haut de sa grande âme,
Fatigué de pitié pour ceux qui rament bien...
Mineur de la pensée : il touchait son front blême,
Pour gratter un bouton ou gratter le problème
Qui travaillait là _ faire rien . _
Il parlait : "Oui la Muse est stérile ! Elle est fille
"D'amour, d'oisiveté, de prostitution ;
"Ne la déformez pas en ventre de famille
" que couvre un étalon pour la reproduction !"
"O vous tous qui gâchez, maçons de la pensée !
"Vous tous que son caprice a touchés en amants,
"_ Vanité, vanité _ La folle nuit passée
" Vous l'affichez en charge aux yeux ronds des manants !
"Elle vous effleurait, vous, comme chats qu'on noie,
"vous avez accroché son aile ou son réseau,
"Fiers d'avoir dans vos mains un bout de plume d'oie,
" Ou des poils à gratter, en façon de pinceau ! "
_ Il disait : " Ô naïf Océan Ô fleurettes,
" Ne sommes- nous pas là, sans peintres, ni poètes ! ...
"Quel vitrier a peint ! Quel aveugle a chanté !...
"Et quel vitrier chante en raclant sa palette,
"Ou quel aveugle a peint avec sa clarinette !
" Est-ce l'art ..."
_Lui resta dans le Sublime Bête
Noyer son orgueil vide et sa virginité.
(Méditerranée )
Section Raccrocs des Amours jaunes
dimanche 12 février 2017
Tristan Corbière
La pipe au poète
Je suis la pipe d'un poète,
Sa nourrice, et ; j'endors la bête
Quand ses chimères éborgnées
Viennent se heurter à son front,
Je fume...Et lui , dans son plafond,
Ne peut plus voir les araignées.
... je lui fais un ciel, des nuages,
La Mer, le désert, des mirages;
_ Il laisse errer là son oeil mort...
Et, quand lourde devient la nue,
Il croit voir une ombre connue,
_ Et je sens mon tuyau qu'il mord...
_ Un autre tourbillon délie
son âme, son carcan, sa vie !
... Et je me sens m'éteindre, _ Il dort...
.............
Dors encor : la bête est calmée,
File ton rêve jusqu'au bout...
Mon pauvre ! ...La fumée est tout.
_ S'il est vrai que tout est fumée ...
Du recueil Les Amours jaunes
Le crapaud
Un chant dans une nuit sans air...
_La lune plaque en métal clair
Les découpures du vert sombre.
Un chant ; comme un écho , tout vif
enterré, là sous le massif...
_ ça se tait : Viens, c'est là, dans l'ombre...
Un crapaud ! Pourquoi cette peur,
Près de moi, ton soldat fidèle ?
Vois- le , poète tondu , sans aile,
Rossignol de la boue... Horreur! ..
_Il chante. _Horreur ! ! _ Horreur Pourquoi ?
Vois-tu pas son oeil de lumière...
Non : il s'en va, froid , sous la pierre.
..............
Bonsoir _ ce crapaud-là c'est moi .
Du recueil Les Amours jaunes
Je suis la pipe d'un poète,
Sa nourrice, et ; j'endors la bête
Quand ses chimères éborgnées
Viennent se heurter à son front,
Je fume...Et lui , dans son plafond,
Ne peut plus voir les araignées.
... je lui fais un ciel, des nuages,
La Mer, le désert, des mirages;
_ Il laisse errer là son oeil mort...
Et, quand lourde devient la nue,
Il croit voir une ombre connue,
_ Et je sens mon tuyau qu'il mord...
_ Un autre tourbillon délie
son âme, son carcan, sa vie !
... Et je me sens m'éteindre, _ Il dort...
.............
Dors encor : la bête est calmée,
File ton rêve jusqu'au bout...
Mon pauvre ! ...La fumée est tout.
_ S'il est vrai que tout est fumée ...
Du recueil Les Amours jaunes
Le crapaud
Un chant dans une nuit sans air...
_La lune plaque en métal clair
Les découpures du vert sombre.
Un chant ; comme un écho , tout vif
enterré, là sous le massif...
_ ça se tait : Viens, c'est là, dans l'ombre...
Un crapaud ! Pourquoi cette peur,
Près de moi, ton soldat fidèle ?
Vois- le , poète tondu , sans aile,
Rossignol de la boue... Horreur! ..
_Il chante. _Horreur ! ! _ Horreur Pourquoi ?
Vois-tu pas son oeil de lumière...
Non : il s'en va, froid , sous la pierre.
..............
Bonsoir _ ce crapaud-là c'est moi .
Du recueil Les Amours jaunes
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