samedi 30 avril 2011

Schubert 4 Impromptus 2 ème serie opus posthume 142 D935 par Alfred Brendel !!!

Alfred Brendel   : Quelle  interpretation  !!


 2 éme impromptu  ,  mon  préféré


1er  Impromptu

3ème  impromptu

4 impromptu

 

Schumann  pensait  pouvoir  reconnaitre  l'intention  d'une  sonate unique dans la perfection  de cet ensemble d'impromptus  si  bien  équilibré ;  cette  thèse  a longtemps prévalue  mais  est  actuellement   réfutée  . D'après  des   correspondances retrouvées  depuis,  Schubert   destinait  leur   parution   en   fragments  indépendants -en 1827, année si féconde ! )  (Brigitte  Massin  , Franz Schubert  ,éditions Fayard )

Salammbô , Théodore Rivière




Salammbô chez Mathô, Je t'aime ! Je t'aime


La sculpture polychrome suscite un vif engouement au XIXe siècle. En témoigne cette Salammbô, en ivoire, or, bronze et turquoise. Dans ce cas, lorsque l'or et l'ivoire sont associés, on parle de sculpture "chryséléphantine".

Théodore Rivière est l'un des principaux sculpteurs orientalistes. Il s'est non seulement inspiré de textes littéraires, mais a aussi fait de nombreux voyages, en Afrique du Nord, en Extrême-Orient et en Amérique du Sud.

Le sujet de l'oeuvre est tiré du roman de Gustave Flaubert, Salammbô, paru en 1862. L'histoire se passe entre 241 et 238 avant Jésus-Christ, pendant la guerre menée par Carthage contre ses mercenaires révoltés. Le Libyen Mâthô, chef des soldats barbares, est amoureux de Salammbô, la fille de son ennemi carthaginois Hamilcar Barca. Rivière a choisi le moment où, massacré par le peuple, Mâthô expire aux pieds de la belle en criant : "Je t'aime ! Je t'aime !". Le personnage de femme fatale qu'est Salammbô inspira de nombreux autres artistes symbolistes.

Cette statuette fait sensation au Salon de 1895. Elle sera éditée en de nombreux exemplaires en bronze et en biscuit, c'est-à-dire en porcelaine blanche et mate.

Antonin Dvorak Serenade opus 22 (1876 ) Mvts 1 ,2,3,4,5


Dvorak-Serenade in E major Op.22


La sérénade est un genre prenant sa source dans les manifestations amoureuses données sous les fenêtres de la Bien-aimée, selon une ancienne pratique connue depuis 1560 environ.
Dans le romantisme la qualification de "Sérénade" indique plutôt l'intention du compositeur de rendre l'atmosphère propre à ce genre par la simplicité de la forme, le nombre limité de musiciens, l'intimité et la modestie de la cadence et par un trait de plume en sérénade. 


Mov.I moderato
"Par la chaleur de la mélodie le premier mouvement donne l'ambiance de toute l'oeuvre ..."


Mov.II Tempo de valse
"...une valse vaporeuse avec des réminiscences de mazurka,un trio songeur en ré-bémol-majeur constitue le pôle opposé sur le plan stylistique. "



Mov.III Scherzo vivace
"..le scherzo joyeux possède également une partie centrale langoureuse sous forme de trio .."


Mov.IV Larghetto
"Le larghetto chante en Notturno la force et la beauté de l'amour..." 



Mov.V Finale allegro vivace
Dans le final dont le thème enflammé fait penser aux danses slaves composées plus tard, les violoncelles citent le larghetto précédent à la place du developpement attendu.
La fin recueillie surprend dans ce moment si exubérant ;Elle reprend encore une fois le début tout en douceur du premier mouvement avant que la coda turbulente ne se charge de l'accent finalauquel chacun s'attend."

Mon morceau  préféré , sans doute   à cause  des  tensions  que  font naître  l'énergie  des premières  mesures  et  les  retours   aux  périodes   plus  douces  en  phrases  mélodiques  d'autant  de  doutes  et  d'incertitudes  qui  remettent  timidement en cause  les fières  résolutions  ..Nous ne sommes pas chez   Schubert  ,  la  pensée  est  moins profonde ,  plus  dispersée ,  plus  légère  , mais  c'est  le  parti de Dvorak et  du  genre  .. La  coda est  presque  "morale"  !

Un grand merci  au  mélomane de  "Youtube "  qui   a   posté l'intégrale   !!

 

 

Grand quintuor en ut majeur

 


Schubert String Quintet in C II Adagio Part 1 

8 janvier


....
Lire  le contenu   de  l’article  suffit  pourtant  à  montrer  à  quel  paroxysme  d’émotion  pouvait  se situer   Elena  . Paul  Bakura   Skoda   l’auteur  de l’analyse   semblait   avoir  pénétré  l’œuvre  de Schubert  avec sensibilité semblable à la sienne  mais  avec   une  finesse, une  compétence  ,  une  profondeur  qu’elle  ne pouvait  que  lui envier  .
Bakura Skoda , n’avait  pas  hésité à  porter l’œuvre  au somment  de  l’ art  musical et  affirmait  ce qu’elle  se plaisait   à  mettre  en  avant   ,  ce qu’elle  avait  reconnu  elle-même  dans le  compositeur,  sa  vitalité  et  son  énergie  dépassant  la  vision  tragique   de  la plus   intense  des  douleurs , de la mort  ou   d’un  amour  déçu  ,  ou encore  des   cruautés  de l’existence  .  Cette   absence  de  résignation  lui  semblait  pour  elle  une  leçon  de  vie   plus clairement  exprimée  que  toute  expression  philosophique  .
 Mais  comme  Badura Skoda  ,  elle    ressentait  l’intensité  de  l’adagio dans  sa  description  de  la  douleur  de  l’abandon  , son  cri  dans le   désarroi de  la  séparation  , l’impuissance   de   l’amant  délaissé : une  phrase  poignante  semble  crier  »pourquoi  m’as-tu  abandonné ?-"
 

__________

Article  de   Bakura Skoda pour  l’Edition  du   grand  quintuor 
  en  ut,  par Arcana  Charlotte  et  Michel Bernstein  editeurs  .

Franz Schubert
Le quintette en  ut  majeur, opus 163,D 956
(un essai  de Paul  Badura- Skoda )

Ceux  qui  apprécient ce morceau  musical, se  réjouiront   sans  doute   tout autant que moi  de  cette  analyse apologétique :
« «  Le quintette en  ut  majeur  est l’une  des  plus grandes  œuvres de  la  musique occidentale.  La perfection de sa forme, la profondeur  de  son  message, la beauté de  la sonorité  des  cordes et sa  richesse mélodique en  font un sommet  de  la création  Schubertienne. Seul celui qui  a  entrevu l’autre  rive  du  Styx, le fleuve qui enserre le  royaume  des morts peut  créer  une œuvre  d’une  telle portée. C’est Schubert le  mystique qui  s’y  révèle, apparenté aux poètes et  aux mystiques de Silésie, le pays des ancêtres  du  musicien, ceux qui  comme  Jacob  Böhme ou Angelus Silesius , avaient   une seconde  vision .  Mais  cette œuvre  ne se  détourne en  aucun  cas du  monde,  elle n’est pas morbide, elle  est  au contraire  pleine  de  vitalité.

On  peut  remarquer  à quel  point nombre  de  commentateurs ressentent d’une  façon  analogue cet  au-delà  insaisissable. «   Ce que Schubert dans l’Adagio  du  Quintette ,  rend  sensible  et inclut  dans le temps, c’est une  expérience anticipée  de   la mort, c’est un coup  d’œil  de  visionnaire sur  cette  autre  rive,  qu’i  a  si  souvent  invoquée  dans  ses  Lieder ».
Mais  ce n’est pas la mélodie infinie, supraterrestre  de l’Adagio qui  imprègne  l’auditeur d’une  façon  indélébile, mais le  second  thème si  parfait et  si  simple  du  premier  mouvement . C’est  certainement  ce  thème , qui  semble  reposer  en  lui-même, qui  fit  dire  à  un grand interprète de  notre  époque : «  Quand   viendra l’heure  de ma mort , c’est le  quintette  de Schubert que je souhaite entendre ».  La  douce  oscillation de  ce  thème, sa  courbe , ne sont  qu’une halte,  une  vision  de la paix . Avant , et  surtout  après, le premier mouvement se  déroule d’une  façon  dramatique dans une structure majestueuse  et gigantesque.


Le  deuxième mouvement, un Adagio  dans la  tonalité mystique, de  mi  majeur, est le  mouvement lent  le  plus vaste que  Schubert  n’ait  jamais  composé . La mélodie infinie (2 fois  14 mesures) est  donnée au second  violon, nimbée  d’un  jeu  de  formules  et  d’interjections, au  premier  violon  et au  deuxième violoncelle. Brusquement  cette  vision  céleste  d’une   nuit  étoilée est  brisée  par l’irruption  de   la  partie  centrale. C’est  comme  si  une douleur  épouvantable, cherchant  à  s’extérioriser  et ne pouvant  s’apaiser, ébranlait  au  plus profond de  son  âme  celui qui  se laissait  aller à  cette paisible  vision.  Une  phrase  poignant  qui ne  cesse  de  revenir  semble  crier : » Pourquoi  m’as-tu  abandonné ». Bien  entendu  un  tel  ébranlement  ne  peut  rester  sans efet   le motif  éruptif  de la partie  centrale   vibre  en  écho, comme  un tressaillement  souterrain, , lors de la  reprise  de la partie ne  mi  majeur, pour se  décharger , tout  à  fait  à  la fin, encore une  fois dans un fortissimo  en  fa mineur qui ,  par  une modulation  magique (1)  se  dissout  enfin  dans un  mi  majeur pp . la paix  est  retrouvée.

Le troisième  mouvement    Scherzo se  démarque  radicalement  du  monde rêveur  de l’Adagio :L’énergie  y fuse  .  Il  anticipe en même  temps le  scherzo  de  le   4ème  symphonie  de Bruckner. Mais là  où   Bruckner , selon  ses propres  termes,  décrit une halte  de  chasseurs dans la forêt ,, pour  Schubert  , c’est une  descente aux enfers,, non  dans l’Inferno  de Dante,  mais dans le  royaume  de la mort  de la tradition juive, celui  des ombres ,  le  nadir.  La  manière  dont   Schubert présente  cette  vision  donne   au  sens  propre  le frisson. Partant  d’un  fa mineur  apparent, des passages   unisono descendants   conduisent à  une cadence plagale en  ré  bémol  majeur. L’impression  de chute  sans fin  est  remplacée  dans la  seconde parie  du  trio  par  un nouvel  abaissement  des  degrés  de la cadence .. . s’y  ajoute  une  dynamique typiquement  Schubertienne : ppp suivi  d’un diminuendo  sur  4  mesures , ce qui  conduit  là  où  il n’y a   vraiment plus de  substance. Je ne connais rien  de  comparable  dans toute  la  littérature  musicale, des classiques aux modernes  Mais avec  ce sol  est  atteinte la dominante de  la tonalité de  base do  majeur ;  8  mesures  crescendo suffisent pour  quitter  cette  vision  de la mort et revenir  à  la vie avec  la  reprise  du  Scherzo.

Le plus  grand miracle  de  cette  œuvre  est peut être  que  Schubert  soit  arrivé  à  composer un fial  digne  de  ces trois  premiers mouvements gigantesques  où  toute  mesure explose.  …..[…]
Et  là  comme il  serait insensé  de  rivaliser  avec  la mélodie  sublime  du  début, ce mouvement  se  concentre  sur  l’élément  rythmique, dansant,  où  la formule « bref-bref-long » tient le premier  role. Le second  thème  lui  dans sa tonalité normale de  sol  majeur, apporte  à  l’œuvre une ambiance  encore  inouïe :  la joie  de  vivre   , simple et  spontanée Il  n’est pas  faux  de parler ici  d’une  bienheureuse ivresse à la viennoise ….
Et  c’est précisément  dans ce  thème  léger que le  chant  des deux violoncelles évoque  toujours davantage le second  thème  du  premier  mouvement   . Dans le  même  temps, en  réaction  à  la joie  sensuelle   de  ce thème,  le  troisième  thème , tenu  doucement,  n’apporte  que les harmonies de  ses notes égales, sans aucun  motif  rythmique  , ce voile mystique plane  dans une pureté  et   une  beauté de  sonorité qui  dépasse  même  celle  du  second mouvement.  Après une reprise   en partie  variée  de  ces thèmes, la  coda  s’élève  à  une  dernière  extase Mais même  le  radieux do  majeur final  se  rappelle de la  relation en demi –ton des  deuxièmes et  troisième  mouvements les deux  dernières notes  sont  ré-bémol do et  il faut  certainement y  voir  un  geste  de  défi. (2)


1)suite  napolitaine dans  sa  variante mineur propre  à  Schubert  )
2)On est tenté ici  de citer  Beethoven ; » je veux saisir  le  destin à  a gorge »

(message édité le  29/4/2011, erreur  de   manip !! )

vendredi 29 avril 2011

Moussorgsky Une nuit sur le mont chauve


Michele Stamerra plays Mussorgsky's "Night on Bald Mountain" at Bremen Musikfest

 
 
 
Enfant  cette  version  m'avait  terriblement impressionnée   et d'ailleurs je   considère tout   Fantasia comme un chef  d'oeuvre !
 
 
Fantasia

Tombeau d' Edgar Poe par Stephane Mallarmé, Boeklin

Boecklin L'île des morts
 Tombeau  d'Edgar   Poe

Tel  qu'en  Lui-même enfin l'éternité le  change
Le  Poète  suscite  avec un  glaive nu
Son  siècle épouvanté de n'avoir pas connu
Que la Mort  triomphait  dans cette  voix étrange

Eux comme un vil  sursaut d'hydre  oyant jadis l'ange
Donner un sens plus pur  aux mots de la tribu
Proclamèrent  très haut le  sortilège bu
Dans le  flot  sans honneur  de  quelque noir mélange

Du sol  et  de la nue hostiles  ô grief
Si  notre idée  avec  ne  sculpte un bas-relief
Dont la tombe  de Poe  éblouissante  s'orne

Calme bloc ici-bas chu  d'un desastre  obscur
Que  ce  granit  du  moins montre à  jamais  sa borne
Aux noirs vols du  Blasphème   épars dans le futur.
S. M.

Poème Edgar Poe par Maurice Rollinat


Fuseli  Le cauchemar

 Edgar Poe


de  Maurice Rollinat  29.12.1846- 26.10.1903 
Recueil   Névroses 


Edgar Poe  fut  démon, ne  voulant pas être  Ange.
Au lieu  du  Rossignol, il  chanta le  Corbeau ;
Et  dans le  diamant  du Mal  et de l'Etrange
Il cisela  son  rêve   effroyablement  beau.
Il  cherchait  dans le  gouffre  où  la raison  s'abîme
Les secrets de  la  Mort  et  de l'Eternité,
Et  son  âme  où  passait l'éclair  sanglant  du  crime
Avait le  cauchemar  de  la Perversité .
Chaste,  mystérieux , sardonique  et  féroce,
Il raffine  l'Intense, il aiguise l' Atroce;
Son  arbre  est  un  cyprès ; sa  femme  un revenant.
Devant  son  oeil de Lynx le  problème  s'éclaire:
__Oh ! comme  je comprends  l'amour  de Baudelaire
Pour  ce  grand  ténébreux  qu'on  lit  en  frissonnant !
___________

"Son coeur est un luth suspendu ...."

   "Son  coeur  est un  luth  suspendu  , sitôt  qu'on le touche  il  résonne  "
C'est  à   Edgar  Poe   que  j'ai emprunté  cette   citation de  De  Béranger  qui  constitue  l'épigraphe  de  La  chute  de la  Maison  Usher , une des plus  célèbres  des Nouvelles  histoires  extraordinaires , merveille  de  procédé  narrartif   par  lequel il   crée ce  climat  de  peur  et  d'angoisse  par    associations  suggestives où  s'entremèlent  ,  la nature  et  l'humain , le  décor et le  sentiment  des protagonistes ,  l'inanimé et le  vivant  ,  la Vie  et la Mort dans   une  atmosphère fantastique...
Ainsi  les premières lignes  plantent  le  décor  :



Maison  Usher  .(aquarelle  )



" Pendant toute une journée  d’automne, journée fuligineuse , sombre et muette, où les  nuages pesaient lourds et bas dans le ciel, j’avais traversé seul et à cheval , une étendue de pays singulièrement lugubre,  et enfin, comme les ombres du soir approchaient , je me trouvais en vue de la mélancolique maison Usher.  Je ne sais comment cela se fit, _ mais au premier coup d’œil que je jetai sur le bâtiment, un sentiment  d’insupportable tristesse  pénétra   mon âme.  Je dis insupportable,  car cette tristesse n’était nullement tempérée  par une parcelle de  ce sentiment dont l’essence poétique fait presqu’une volupté, et dont l’âme est généralement saisie en face  des images naturelles les plus sombres de la désolation  et de la terreur. Je regardais le tableau placé devant moi, et, rien qu’à voir la maison  et la perspective caractéristique de ce domaine_ les murs qui avaient froid ,_ les fenêtres semblables à des yeux distraits, _ quelques bouquets de joncs vigoureux, quelques  troncs d’arbres blancs et  dépéris, j’éprouvais cet entier affaissement d’âme qui, parmi les sensations terrestres,  ne peut se mieux comparer qu’à l’arrière rêverie du mangeur d’opium, _ à son  navrant retour  à la  vie journalière, à l’horrible et lente retraite du voile. C’était une glace au cœur , un abattement, un malaise, _ une irrémédiable tristesse  de pensée qu’aucun aiguillon de l’imagination ne pouvait raviver ni pousser  au grand. Qu’était donc,  _ je m’arrêtai pour y penser, _ qu’ était donc ce je ne sais quoi  qui m »énervait en  contemplant la Maison Usher ? C’était un mystère tout à  fait insoluble,  et je ne pouvais pas lutter contre les pensées ténébreuses qui s’amoncelaient sur moi  pendant que j’y réfléchissais . je fus forcé  de me rejeter dans cette conclusion peu satisfaisante , qu’il existe des combinaisons naturelles d’objets très simples qui ont la puissance de nous affecter de cette sorte, et que l’analyse de cette  puissance  gît dans des considérations où  nous perdrions pied Il était possible , pensais-je, qu’une simple différence dans l’arrangement des matériaux de la décoration  , des détails du tableau, suffit pour modifier, pour  annihiler peut-être,   cette impression de puissance douloureuse ; et, agissant d’après cette idée, je conduisis mon cheval  vers le bord escarpé  d’un noir et lugubre étang, qui, miroir immobile , s’étalait devant le bâtiment ; et je regardais,_ mais avec un frisson plus pénétrant encore que la première fois, _ les images répercutées et renversées des jonc grisâtres, des troncs d’arbres sinistres, et des fenêtres semblables à des yeux sans pensées. 
……..

(Traduction  Charles Baudelaire )




Roussalka :Filles de l'eau , sirènes , ondines ,Pouchkine, Dvorak ,Netrebko


Pushkin's Farewell to the sea. Picture painted by I. K. Aivazovsky



Anna Netrebko / A. Dvořák - Rusalka


Poème  de Alexandre  Pouchkine 

Roussalka


Traduit par Elim Mestscherski

Au bord d'un lac, dans les bois sombres,
Tout remplis de silence et d'ombres,
Un vieux moine abritait ses jours.
Il travaillait sur cette terre
A son salut, et grave, austère,
Veillait, jeûnait, priait toujours.
Déjà, s'armant de l'humble pelle,
Il creusait près de sa chapelle
La fosse qui le recevrait.
Ne voulant qu'une mort chrétienne
Nuit et jour, et, dans chaque antienne,
De tous les saints il l'implorait.
Un soir, au seuil de l'ermitage,
- Murs lézardés, toit sans étage -
L'anachorète priait Dieu.
C'était l'été, plus épaissies,
Sortant des forêts obscurcies,
Les ombres erraient en tout lieu.
Le brouillard comme une fumée
Montait du lac à la ramée;
La lune flottait rouge aux cieux.
Or, il advint que le saint homme,
- Car la légende ainsi le nomme, -
Vers l'eau du lac tourna les yeux.
Il regarde et sent qu'il se trouble,
A son insu sa peur redouble...
Il voit soudain gonfler les eaux.
Elles bouillonnent et bruissent,
Puis encor les flots s'aplanissent,
Baignant, paisibles, les roseaux.
Et tout à coup, vive et légère,
Ainsi que la nuit passagère,
Blanche comme la neige aux champs,
Du lac sort une femme nue
Qui brille aux rayons de la nue
Et s'assied sur les verts penchants.
Elle regarde avec mystère
Les yeux ridés du solitaire,
Et peigne ses cheveux mouillés,
Et le vieux moine qui s'attarde
Tremble d'effroi, - mais il regarde
Ses beautés de la tête aux pieds.
En silence l'étrange belle
Lui tend les bras, du bras l'appelle,
Lui jette des saluts amis,
Hoche sa tête pétulante,
Puis, comme une étoile filante,
Plonge sous les flots endormis.
Toute la nuit le morne ermite
A fui sa couche cénobite;
Tout le jour il ne pria pas,
Car malgré lui, dans sa pensée,
Partout, attractive, insensée,
La vision croisait ses pas.
Les forêts brunirent encore,
La lune au ciel revint éclore,
Le lac dormait, et de nouveau,
La tentation merveilleuse,
A la chevelure onduleuse,
Pâle, est assise au bord de l'eau.
Elle regarde et fait un signe
Avec sa tête, au col de cygne,
Rentre dans l'onde qu'elle fend,
En ressort, et de sa main blonde
Jette des baisers et de l'onde,
Riant, pleurant comme un enfant.
Sa douce voix gémit, agace,
Il lui faut l'homme, quoi qu'il fasse:
"O moine! moine, viens, oh ! viens !"
Puis dans le lac elle s'élance,
Et nul ne trouble le silence
Des horizons aériens.
Cédant à l'amour sacrilège,
Sur la rive du sortilège,
Assis tout le troisième jour,
Il attendait, le vieillard blême,
Il attendait, le saint ! - lui-même ! -
Que la belle fut de retour.
Le lendemain, dans sa retraite,
On ne vit plus l'anachorète;
En vain chercha tout le hameau. -
Mais quelques garçons, ô surprise !
Crurent voir une barbe grise
Qui reluisait au fond de l'eau.


jeudi 28 avril 2011

Noir souci de René de Ceccatty (sur Leopardi ) (1)

 Vient de paraître  :  Noir  souci  de   René Ceccatty sur  l'amitié de   Léopardi   et   Ranieri :(Je n'ai pas  encore  lu... )

Présentation de l'éditeur:

Une passion chaste, ainsi peut-on définir le lien qui unit Giacomo Leopardi et Antonio Ranieri dès leur . Le premier, philosophe et poète, avait à peine plus de trente ans. Mais son génie étouffait dans son environnement familial. Le second, révolutionnaire napolitain en cavale, avait une vingtaine d'années. Ils fuient Florence où pourtant Leopardi est admiré par un cercle d'intellectuels et s'installent ensemble à Naples où les attend le choléra. Le destin du plus grand écrivain romantique italien, mourant dans les bras d'un jeune homme dont, disait-il, "seule la foudre de Jupiter pourrait le séparer", a suivi un cours romanesque. J'ai voulu comprendre cet amour étrange, auquel se mêlent la création poétique, le combat politique et la maladie. Leur histoire est devenue une part de la mienne.

Critique de Robert  Maggiori  dont j'apprécie toujours les  articles, sur " Libération"  du  28 Avril : :

...  La  question  de la nature des  rapports  entre  le  poète-philosophe et  le jeune  historien napolitain , avec lequel  il  partagea  la dernière  saison de sa courte vie , s'est  toujours posée. Les manuels- reprenant le titre  du  mémorial  de Ranieri-  parlent  de  solidazio, terme intraduisible, évoquant une   union,  un  commerce,  une entente, une fédération , sinon  un  "syndicat" . Pourtant il n'y a rien  de plus indécidable que le  sentiment qui  lie les deux jeunes hommes. Ce sont les arcanes de cet amour qu'explore dans Noir souci  René de Ceccaty , grand connaisseur  de littérature   italienne,  biographe de Pasolini ou de  Moravia....
Ceccatty  use de toute la palette  des sentiments  pour tenter de  peindre  l'amour d'Antonio et Giacomo.  Même  ceux qui n'existent pas . Le  bonheur de l'homme écrit Leopardi  ne peut consister  dans ce qui est réel , mais seulement  dans le rêve et l'illusion. Aussi précise  René Ceccaty "est-ce   l'absence  de corps qui permet la  relation"   et la fait  durer pour ainsi dire jusqu'à  la  mort - de la même manière  que  "la grâce est dans le temps" quand "la beauté est  dans l'instant" . 
(R. Maggiori)

René Ceccatty  propose  également une nouvelle   traduction de  Canti aux éditions "Rivages"

"Spiegel im Spiegel" by Arvo Pärt ...Horizons d'attente Buzzati le désert des Tartares

 


".... Des pensées d'un monde désirable et lointain  s'emparèrent  alors  brusquement de l'esprit  de Drogo,  l'image par  exemple  d'un  palais  au bord de la mer, par  une  douce nuit  d'été, celles  de  gracieuses créatures, assises près  de lui ; il entendit  des musiques , des images de  bonheur se présentèrent,  auxquelles la jeunesse permettait  de  s'abandonner impunément, et pendant  ce  temps,  l'horizon  marin , au  levant  , devenait net  et précis, l'aube  qui  allait poindre  commençant  de  faire pâlir le  ciel. Et  pouvoir passer  de la  sorte   ses nuits,  ne pas se  réfugier  dans le  sommeil , ne pas avoir peur  d'être en retard,  laisser le  soleil  se lever ,  avoir  devant  soi  un  temps  infini, et le  goûter  sans avoir  à se tourmenter. Parmi  tant  de  belles choses qu'il y  avait au monde Giovanni  s'obstinait  à  désirer  cet improbable palais marin,  la musique, le  gaspillage des heures,  l'attente de l'aube . Si  bête  que  celà  put paraître,  c'était  là  ce qui lui  semblait exprimer  de la  façon  la plus intense cette paix  qu'il avait perdue. Depuis quelques  temps en effet , une angoisse qu'il ne parvenait pas à définir le poursuivait  sans  trêve  : l'impression  qu'il  n'arriverait pas à  temps, l'impression  que  quelque  chose d'important allait se produire et le prendrait à  l'improviste  ....."

Dino  Buzzati,  Le  désert  des  tartares

 Horizons  d'attente ( 2009 )

Salammbô et le manteau de Tanit (Gustave Flaubert )


 Salammbô

Les Troyens  ... C'est Enée ... la fondation  de Rome   ...  Mais  c'est  aussi  Carthage   avec   Elissa -Didon ..
Carthage  bien  sûr   c'est  Tanit  , La parèdre  de Baal ,  grande  déesse  de  la mythologie de   la Phénicie  punique , l'effrayante mangeuse  d'enfants, bien  qu'il  y  ait  beaucoup  à dire  sur le  sujet  .Nous avons encore bien  peu  de  certitudes  quant  au  culte  du  molok ,  melk en phenicien   punique,  molk en   hébreu,  molokh,  en  grec molch en latin....   "



Stèle votive de Carthage
"L'énigme des stèles de la Carthage africaine "
de Léo Dubal et Monique Larrey

.Le mythe continue d'exercer sur nous sa fascination peut-être en raison de  l'ombre qu'elle fait peser sur l'image de la déesse mère, par son association au moins à Carthage, aux possibles sacrifices d'enfants si peu compatibles avec notre vision actuelle de la féminité."

Toujours  est-il que  les  pouvoirs  de   la  déesse  résidaient  dans   son  manteau,  attribut  de  sa  gloire   et  de  sa divinité  ,garant  de la puissance  de Carthage  : "Tout à la fois bleuâtre comme la nuit, jaune comme l'aurore , pourpre comme le soleil, , diaphane, étincelant, léger"."(Gustave  Flaubert) . C'est  ce  manteau inviolable , à  l'essence  extraordinaire   que   devait   ravir  Matho  le  mercenaire  lybien pour  vaincre  la  cité  punique  et  son  capitaine  Hamilcar  .
Hamilcar  avait  une  fille , gardienne  du  Zaïmph le   fameux  voile  de  Tanit  . Elle  s'appelait Salammbô :
Matho  convoita le  voile  et   Salammbo ,  le  Zaimph  fut  dérobé  , mais   repris   par  ruse  par  la fille  d'Hamilcar  .  Les  éléphants   d'Hamilcar   écrasèrent  les armées  des mercenaires mais  Matho  fut  capturé . Mathô  mourut  au bout  d'un  long   supplice  auquel   dû assister  Salammbô :
Quand il expira enfin, avec les derniers rayons du soleil, Salammbô, elle aussi, s'éteignit :"Ainsi mourut la fille d'Hamilcar pour avoir touché au manteau de Tanit."

L'image  de  Tanit  fut  ternie  et  le  Culte Sacré  passa   aux mains  des  grands  prêtres  adorateurs  de Baal ..
C'est  bien  sûr  Flaubert  qui  raconte  cette  histoire  dans  son  grand   roman   . Il  consacra   cinq  années   à  des  recherches minutieuses   historiques  et littéraires dans   les  bibliothèques    d'Europe  et  du  Proche Orient ,  Néanmoins   Sainte Beuve  ,  tenta de  soulever  à  nouveau  l'opinion  contre Flaubert,  à  peine   remis  de   son procès   pour  son roman  Madame   Bovary

Flaubert  lui  répondit  dans une lettre   de 1862  restée  célèbre  : 


Mon cher maître,
«  Votre troisième article sur Salammbô m'a radouci (je n'ai jamais été bien furieux). Mes amis les plus intimes se sont un peu irrités des deux autres ; mais, moi, à qui vous avez dit franchement ce que vous pensez de mon gros livre, je vous sais gré d'avoir mis tant de clémence dans votre cri­tique. Donc, encore une fois, et bien sincèrement, je vous remercie des marques d'affection que vous me donnez, et, passant par-dessus les politesses, je commence mon Apologie.
« Êtes-vous bien sûr, d'abord, — dans votre jugement général, — de n'avoir pas obéi un peu trop à votre impression nerveuse? L'objet de mon livre, tout ce monde barbare, oriental, molochiste, vous déplaît en soi! Vous commencez par douter de la réalité de ma reproduction, puis vous me dites : «  Après tout, elle peut être vraie ; » et comme conclusion :
« Tant pis si elle est vraie ! » A chaque minute vous vous étonnez; et vous m'en voulez d'être étonné. Je n'y peux rien, cependant ! Fallait-il embellir, atténuer, fausser, franciser ! Mais vous me reprochez vous-même d'avoir fait un poème, d'avoir été classique dans le mauvais sens du mot, et vous me battez avec les Martyrs!
• Or le système de Chateaubriand me semble diamétralement opposé au mien. Il partait d'un point de vue tout idéal; il rêvait des martyrs typiques. Moi, j'ai voulu fixer un mirage en appliquant à l'Antiquité les procédés du roman moderne, et j'ai tâché d'être simple. Riez tant qu'il vous plaira ! Oui, je dis simple, et non pas sobre. Rien de plus compliqué qu'un Barbare. Mais j'arrive à vos articles, et je me défends, je vous combats pied à pied.
« Dès le début, je vous arrête à propos du Périple d'Hannon, admiré par Montesquieu, et que je n'admire point. A qui peut-on faire croire aujourd'hui que ce soit là un document original? C'est évidemment traduit, raccourci, échenillé et arrangé par un Grec. Jamais un Oriental, quel qu'il soit, n'a écrit de ce style. J'en prends à témoin l'inscription d'Eschmounazar, si emphatique et redondante! Des gens qui se font appeler fils de Dieu, œil de Dieu (voyez les inscriptions d'Hamaker) ne sont pas simples comme vous l'entendez. — Et puis vous m'accorderez que les Grecs ne comprenaient rien au monde barbare. S'ils y avaient compris quelque chose, ils n'eussent pas été des Grecs. L'Orient répugnait à l'hellénisme. Quels travestissements n'ont-ils pas fait subir à tout ce qui leur a passé par les mains, d'étranger ! — J'en dirai autant de Polybe. C'est pour moi une autorité incontestable, quant aux faits ; mais tout ce qu'il n'a pas vu (ou ce qu'il a omis intentionnellement, car lui aussi, il avait un cadre et une école), je peux bien aller le chercher partout ailleurs. Le Périple d'Hannon n'est donc pas « un monument carthaginois, » bien loin « d'être le seul » comme vous le dites. Un vrai monument carthaginois c'est l'inscription de Marseille, écrite en vrai punique. Il est simple, celui-là, je l'avoue, car c'est un tarif, et encore l'est-il moins que ce fameux Périple où perce un petit coin de merveilleux à travers le grec;— ne fût-ce que ces peaux de gorilles prises pour des peaux humaines et qui étaient appendues dans le temple de Moloch (traduisez Saturne), et dont je vous ai épargné la description; — et d'une ! remerciez-moi. Je vous dirai même entre nous que le Périple d'Hannon m'est complètement odieux pour l'avoir lu et relu avec les quatre dissertations de Bougainville (dans les Mémoires de l'Académie des Inscriptions) sans compter mainte thèse de doctorat, — le Périple d'Hannon étant un sujet de thèse.
« Quant à mon héroïne, je ne la défends pas. Elle ressemble selon vous à « une Elvire sentimentale, » à Velléda, à madame Bovary.. Mais non ! Velléda est active, intelligente, européenne. Madame Bovary est agitée par des passions multiples; Salammbô au contraire demeure clouée par l'idée fixe. C'est une maniaque, une espèce de sainte Thérèse. N'importe ! Je ne suis pas sûr de sa réalité ; car ni moi, ni vous, ni personne, aucun ancien et aucun moderne, ne peut connaître la femme orientale, par la raison qu'il est impossible de la fréquenter.
« Vous m'accusez de manquer de logique et vous me demandez : « Pourquoi les Carthaginois ont-ils massacré les Barbares ? » La raison en est bien simple . ils haïssent les Mercenaires ; ceux-là leur tombent sous la main; ils sont les plus forts et ils les tuent. Mais « la nouvelle, dites-vous, pouvait « arriver d'un moment à l'autre au camp. » Par quel moyen! —Et qui donc l'eût apportée?Les Carthaginois; mais dans quel but? — Des barbares ? mais il n'en restait plus dans la ville ! — Des étrangers? des indifférents? — mais j'ai eu soin de montrer que les communications n'existaient pas entre Carthage et l'armée !

« Pour ce qui est d'Hannon (le lait de chienne, soit dit en passant, n'est point une plaisanterie; il était et est encore un remède contre la lèpre : voyez le Dictionnaire des sciences médicales, article Lèpre; mauvais article d'ailleurs et dont j'ai rectifié les données d'après mes propres observations faites à Damas et en Nubie), —Hannon, dis-je, s'échappe, parce que les Mercenaires le laissent volontairement s'échapper. Ils ne sont pas encore déchaînés contre lui. L'indignation leur vient ensuite avec la réflexion ; car il leur faut beaucoup de temps avant de comprendre toute la perfidie des Anciens (Voyez le  commencement de mon chapitre IV). Mâtho rôde comme un fou autour de Carthage. Fou est le mot juste. L'amour tel que 1e concevaient les anciens n'était-il pas une folie, une malédiction, une maladie envoyée par les dieux! Polybe serait bien étonné, dites-vous, de voir ainsi son Mâtho. Je ne le crois pas, et M. de Voltaire n'eût point partagé cet étonnement. Rappelez-vous ce qu'il dit de la violence des passions en Afrique, dans Candide (récit de la vieille) : « C'est du feu, du vitriol, etc. » 
«  A propos de l'aqueduc : « Ici on est dans l'invraisemblance jusqu'au cou. » Oui, cher maître, vous avez raison et plus même que vous ne croyez, — mais pas comme vous le croyez. Je vous dirai plus loin ce que je pense de cet épisode, amené non pour décrire l'aqueduc, lequel m'a donné beaucoup de mal, mais pour faire entrer convenablement dans Carthage mes deux héros. C'est d'ailleurs le ressouvenir d'une anecdote, rapportée dans Polyen (Ruses de guerre), l'histoire de Théodore, l'ami de Cléon, lors de la prise de Sestos par les gens d'Abydos.
« On regrette un lexique. Voilà un reproche que je trouve souverainement injuste. J'aurais pu assommer le lecteur avec des mots techniques. Loin de là ! j'ai pris soin de traduire tout en français. Je n'ai pas employé un seul mot spécial sans le faire suivre de son explication, immédiatement. J'en excepte les noms de monnaie, de mesure et de mois que le sens de la phrase indique. Mais quand vous rencontrez dans une page kreutzer, yard, piastre ou penny, cela vous empêche-t-il de la comprendre? Qu'auriez-vous dit si j'avais appelé Moloch Melek, Hannibal Han-Baal, Carthage (Kartadda), et si, au lieu de dire que les esclaves au moulin portaient des muselières, j'avais écrit des paussicapes ! Quant aux noms de parfums et de pierreries, j'ai bien été obligé de prendre les noms qui sont dans Théophraste, Pline et Athénée. Pour les plantes, j'ai employé les noms latins, les mots reçus, au lieu des mots arabes ou phéniciens. Ainsi j'ai dit Lauwsonia au lieu de Henneh, et même j'ai eu la complaisance d'écrire Lausonia par un u, ce qui est une faute, et de ne pas ajouter inermis, qui eût été plus précis. De même pour Kok'heul que j'écris antimoine, en vous épargnant sulfure, ingrat! Mais je ne peux pas, par respect pour le lecteur français, écrire Hannibal et Hamilcar sans h, puisqu'il y a un esprit rude sur l'a, et m'en tenir à Rollin ! un peu de douceur !
« Quant au temple de Tanit, je suis sûr de l'avoir reconstruit tel qu'il était, avec le traité de la Déesse de Syrie, avec les médailles du duc de Luynes, avec ce qu'on sait du temple de Jérusalem, avec un passage de saint Jérôme, cité par Selden (de Diis Syriis), avec le plan du temple de Gozzo qui est bien carthaginois, et mieux que tout cela, avec les ruines du temple de Thugga que j'ai vu moi-même, de mes yeux, et dont aucun voyageur ni antiquaire, que je sache, n'a parlé. N'importe, direz-vous, c'est drôle! Soit! — Quant à la description en elle-même, au point de vue littéraire, je la trouve, moi, très, compréhensible, et le drame n'en est pas embarrassé, car Spendius et Mâtho restent au premier plan, on ne les perd pas de vue. Il n'y a point dans mon livre une description isolée, gratuite ; toutes servent à mes personnages et ont une influence lointaine ou immédiate sur l'action.
« Je n'accepte pas non plus le mot de chinoiserie appliqué à la chambre de Salammbô, malgré l'épithète d’exquise qui le relève (comme dévorants fait à chiens dans le fameux Songe), parce que je n'ai pas mis là un seul détail qui ne soit dans la Bible ou que l'on ne rencontre encore en Orient. Vous me répétez que la Bible n'est pas un guide pour Carthage (ce qui est un point à discuter) ; mais les Hébreux étaient plus près des Carthaginois que les Chinois, convenez-en ! D'ailleurs il y a des choses de climat qui sont éternelles. Pour ce mobilier et les costumes, je vous renvoie aux textes réunis dans la 21* dissertation de l'abbé Mignot (Mémoires de l'Académie des Inscriptions, tome XL ou XLI, je ne sais plus).
« Quant à ce goût « d'opéra, de pompe et d'emphase, » pourquoi donc voulez-vous que les choses n'aient pas été ainsi, puisqu'elles sont telles maintenant ! Les cérémonies des visites, les prosternations, les invocations, les encensements et tout le reste, n'ont pas été inventés par Mahomet, je suppose.
« II en est de même d'Hannibal. Pourquoi trouvez-vous que j'ai fait son enfance fabuleuse? est-ce parce qu'il tue un aigle ? beau miracle dans un pays où les aigles abondent ! Si la scène eût été placée dans les Gaules, j'aurais mis un hibou, un loup ou un renard. Mais, Français que vous êtes, vous êtes habitué, malgré vous, à considérer l'aigle comme un oiseau noble, et plutôt comme un symbole que comme un être animé. Les aigles existent cependant.
« Vous me demandez où j'ai pris une pareille idée du Conseil de Carthage? Mais dans tous les milieux analogues par les temps de révolution, depuis la Convention jusqu'au Parlement d'Amérique, où naguère encore on échangeait des coups de canne et des coups de revolver, lesquelles cannes et lesquels revolvers étaient apportés (comme mes poignards) dans la manche des paletots. Et même mes Carthaginois sont plus décents que les Américains, puisque le public n'était pas là. Vous me citez, en opposition, une grosse autorité, celle d'Aristote. Mais Aristote, antérieur à mon époque de plus de quatre-vingts ans, n'est ici d'aucun poids. D'ailleurs il se trompe grossièrement, le Stagyrique, quand il affirme qu'on n'a jamais vu à Carthage d'émeute ni de tyran. Voulez-vous des dates? en voici : il y avait eu la conspiration de Carthalon, 530 avant Jésus-Christ; les empiétements des Magon, 460; la conspiration d’ Hannon, 337; la conspiration de Bomilcar, 307. Mais je dépasse Aristote! — A un autre.
« Vous me reprochez les escarboucles formées par l’urine des lynx. C'est du Théophraste, Traité des Pierreries : tant pis pour lui! J'allais oublier Spendius. Eh bien, non, cher maître, son stratagème n'est ni bizarre, ni étrange. C'est presque un poncif. Il m'a été fourni par Elien (Histoire des Animaux) et par Polyen (Stratagèmes). Cela était même si connu depuis le siège de Mégare par Antipater (ou Antigone), que l'on nourrissait exprès des porcs avec les éléphants pour que les grosses bêtes ne fussent pas effrayées par les petites. C'était, en un mot, une farce usuelle, et probablement fort usée au temps de Spendius. Je n'ai pas été obligé de remonter jusqu'à Samson; car j'ai repoussé autant que possible tout détail appartenant à des époques légendaires.
« J'arrive aux richesses d'Hamilcar. Cette description, quoique vous disiez, est au second plan. Hamilcar la domine, et je la crois très motivée. La colère du suffète va en augmentant à mesure qu'il aperçoit les déprédations commises dans sa maison. Loin d'être à tout moment hors de lui, il n'éclate qu'à la fin, quand il se heurte à une injure personnelle. Qu'il ne gagne pas à cette visite, cela m'est bien égal, n'étant point chargé de faire son panégyrique ; mais je ne pense pas l'avoir taillé en charge aux dépens du reste du caractère. L'homme qui tue plus loin les Mercenaires de la façon que j'ai montrée (ce qui est un joli trait de son fils Hannibal, en Italie ), est bien le même qui fait falsifier ses marchandises et fouetter à outrance ses esclaves.
« Vous me chicanez sur les onze mille trois cent quatre-vingt-seize hommes de son armée en me demandant d'où le savez-vous (ce nombre) ? qui vous l'a dit ?Mais vous venez de le voir vous-même, puisque j'ai dit le nombre d'hommes qu'il y avait dans les différents corps de l'armée punique. C'est le total de l'addition tout bonnement, et non un chiffre jeté au hasard pour produire un effet de précision.
II n'y a ni vice malicieux ni bagatelle dans mon serpent. Ce chapitre est une espèce de précaution oratoire pour atténuer celui de la tente qui n'a choqué personne et qui, sans le serpent, eût fait pousser des cris. J'ai mieux aimé un effet impudique (si impudeur il y a) avec un serpent qu'avec un homme. Salammbô, avant de quitter sa maison, s'enlace au génie de sa famille, à la religion même de sa patrie en son symbole le plus antique. Voilà tout. Que cela soit messéant dans une Iliade ou une Pharsale, c'est possible, mais je n'ai pas eu la prétention de faire ni l’Iliade ni la Pharsale.
« Ce n'est pas ma faute non plus si les orages sont fréquents dans la Tunisie à la fin de l'été. Chateaubriand n'a pas plus inventé les orages que les couchers de soleil, et les uns et les autres, il me semble, appartiennent à tout le monde. Notez d'ailleurs que l’âme de cette histoire est Moloch, le Feu, la Foudre. Ici le Dieu lui-même, sous une de ses formes, agit ; il dompte Salammbô. Le tonnerre était donc bien à sa place : c'est la voix de Moloch resté en dehors. Vous avouerez de plus que je vous ai épargné la description classique de l'orage. Et puis mon pauvre orage ne tient pas en tout trois lignes, et à des endroits différents! L'incendie qui suit m'a été inspiré par un épisode de l'histoire de Massinissa, par un autre de l'histoire d'Agathocle et par un passage d'Hirtius,—tous les trois dans des circonstances analogues. Je ne sors pas du milieu, du pays même de mon action, comme vous voyez.
A propos des parfums de Salammbô, vous m'attribuez plus d'imagination que je n'en ai. Sentez donc, humez dans la Bible Judith et Esther ! On les pénétrait, on les empoisonnait de parfums, littéralement. C'est ce que j'ai eu soin de dire au commencement, dès qu'il a été question de la maladie de Salammbô.
« Pourquoi ne voulez-vous pas non plus que la disparition du Zaïmph ait été pour quelque chose dans la perte de la bataille, puisque l'armée des Mercenaires contenait des gens qui croyaient au Zaïmph! J'indique les causes principales (trois mouvements militaires) de cette perte ; puis j'ajoute celle-là, comme cause secondaire et dernière.
« Dire que j'ai inventé des supplices aux funérailles des Barbares n'est pas exact. Hendreich (Carthago, seu Carth. respublica, 1664) a réuni des textes pour prouver que les Carthaginois avaient coutume de mutiler les cadavres de leurs ennemis ; et vous vous étonnez que des barbares qui sont vaincus, désespérés, enragés, ne leur rendent pas la pareille, n'en fassent pas autant une fois et cette fois-là seulement? Faut-il vous rappeler Madame de Lamballe, les Mobiles en 48, et ce qui se passe actuellement aux États-Unis ? J'ai été sobre et très-doux, au contraire. 
« Et puisque nous sommes en train de nous dire nos vérités, franchement je vous avouerai, cher maître, que la pointe d'imagination sadique m'a un peu blessé. Toutes vos paroles sont graves. Or un tel mot de vous, lorsqu'il est imprimé, devient presque une flétrissure. Oubliez-vous que je me suis assis sur les bancs de la Correctionnelle comme prévenu d'outrage aux moeurs, et que les imbéciles et les méchants se font des armes de  tout ? Ne soyez donc pas étonné si un de ces jours vous lisez dans quelque petit journal diffamateur, comme il en existe, quelque chose d'analogue à ceci : « M. G. Flaubert est un disciple de  Sade. Son ami, son parrain, un maître en fait de critique l'a dit lui-même assez clairement, bien qu'avec cette finesse et cette bonhomie railleuse qui, etc. » Qu'aurais-je à répondre, —et à faire ?
« Je m'incline devant ce qui suit. Vous avez raison, cher maître, j'ai donné le coup de pouce, j'ai forcé l'histoire, et comme vous le dites très bien, j'ai voulu faire un siège. Mais dans un sujet militaire, où est le mal ?—Et puis je ne l'ai pas complètement inventé, ce siège, je l'ai seulement un peu chargé. Là est toute ma faute.
« Mais pour le passage de Montesquieu relatif aux immolations d'enfants, je m'insurge. Cette horreur ne fait pas dans mon esprit un doute. (Songez donc que les sacrifices humains n'étaient pas complètement abolis en Grèce à la bataille de Leuctres? 370 avant Jésus-Christ.) Malgré la condition imposée par Gélon (480), dans la guerre contre Agathocle (302), on brûla, selon Diodore, 200 enfants, et quant aux époques postérieures, je m'en rapporte à Silius Italicus, à Eusèbe, et surtout à saint Augustin, lequel affirme que la chose se passait encore quelquefois de son temps.
« Vous regrettez que je n'aie point introduit parmi les Grecs un philosophe, un raisonneur chargé de nous faire un cours de morale ou commettant de bonnes actions, un monsieur enfin sentant comme nous. Allons donc ! était-ce possible? Aratus que vous rappelez est précisément celui d'après lequel j'ai rêvé Spendius; c'était un homme d'escalades et de ruses qui tuait très-bien la nuit les sentinelles et qui avait des éblouissements au grand jour. Je me suis refusé un contraste, c'est vrai; mais un contraste facile, un contraste voulu et faux. 
« J'ai fini l'analyse et j'arrive à votre jugement. Vous avez peut-être raison dans vos considérations sur le roman historique appliqué à l'antiquité, et il se peut très-bien que j'aie échoué. Cependant, d'après toutes les vraisemblances et mes impressions, à moi, je crois avoir fait quelque chose qui ressemble à Carthage. Mais là n'est pas la question. Je me moque de l'archéologie! Si la couleur n'est pas une, si les détails détonent, si les mœurs ne dérivent pas de la religion et les faits des passions, si les caractères ne sont pas suivis, si les costumes ne sont pas appropriés aux usages et les architectures au climat, s'il n'y a pas, en un mot, harmonie, je suis dans le faux. Sinon, non. Tout se tient.
« Mais le milieu vous agace! Je le sais, ou plutôt je le sens. Au lieu de rester à votre point de vue personnel, votre point de vue de lettré, de moderne, de Parisien, pourquoi n'êtes-vous pas venu de mon côté ? L'âme humaine n'est point partout la même, bien qu'en dise M. Levallois . La moindre vue sur le monde est là pour prouver le contraire. Je crois même avoir été moins dur pour l'humanité dans Salammbô que dans Madame Bovary. La curiosité, l'amour qui m'a poussé vers des religions et des peuples disparus, a quelque chose de moral en soi et de sympathique, il me semble.
« Quant au style, j'ai moins sacrifié dans ce livre-là que dans l'autre à la rondeur de la phrase et à la période. Les métaphores y sont rares et les épithètes positives. Si je mets bleues après pierres, c'est que bleues est le mot juste, croyez-moi, et soyez également persuadé que l'on distingue très bien la couleur des pierres à la clarté des étoiles. Interrogez là-dessus tous les voyageurs en Orient, ou allez-y voir.
« Et puisque vous me blâmez pour certains mots, énorme entre autres, que je ne défends pas (bien qu'un silence excessif fasse l'effet du vacarme), moi aussi je vous reprocherai quelques expressions.
« Je n'ai pas compris la citation de Désaugiers, ni quel était son but. J'ai froncé les sourcils à bibelots carthaginois,—diable de manteau,—ragoût et pimenté pour Salammbô qui batifole avec le serpent,—et devant le beau drôle de Libyen qui n'est ni beau ni drôle,—et a l'imagination libertine de Schahabarim.
« Une dernière question, ô maître, une question inconvenante : pourquoi trouvez-vous Schahabarim presque comique et vos bonshommes de Port-Royal si sérieux ? Pour moi, M. Singlin est funèbre à côté de mes éléphants. Je regarde des Barbares tatoués comme étant moins antihumains, moins spéciaux, moins cocasses, moins rares que des gens vivant en commun et qui s'appellent jusqu'à la mort Monsieur!—Et c'est précisément parce qu'ils sont très-loin de moi que j'admire votre talent à me les faire comprendre, — Car j'y crois, à Port-Royal, et le souhaite encore moins y vivre qu'à Carthage. Cela aussi était exclusif, hors nature, forcé, tout d'un morceau, et cependant vrai. Pourquoi ne voulez-vous pas que deux vrais existent, deux excès contraires, deux monstruosités différentes ? 
« Je vais finir. — Un peu de patience  — Êtes-vous curieux de connaître la faute énorme (énorme est ici à sa place) que je trouve dans mon livre. La voici :
« 1° Le piédestal est trop grand pour la statue. Or, comme on ne pèche jamais par le trop, mais par le pas assez, il aurait fallu cent pages de plus relatives à Salammbô seulement.
« 2° Quelques transitions manquent. Elles existaient ; je les ai retranchées ou trop raccourcies, dans la peur d'être ennuyeux.
« 3° Dans le chapitre VI, tout ce qui se rapporte à Giscon est de même tonalité que la deuxième partie du chapitre II (Hannon) C'est la même situation, et il n'y a point progression d'effet.
«  4° Tout ce qui s'étend depuis la bataille du Macar jusqu'au serpent, et tout le chapitre XIII jusqu'au dénombrement des Barbares, s'enfonce, disparait dans le souvenir. Ce sont des endroits de second plan, ternes, transitoires, que je ne pouvais malheureusement éviter et qui alourdissent le livre, malgré les efforts de prestesse que j'ai pu faire. Ce sont ceux-là qui m'ont le plus coûté, que j'aime le moins et dont je me suis le plus reconnaissant. 
«  5° L'aqueduc.
«  Aveu ! mon opinion secrète est qu'il n'y avait point d'aqueduc a Carthage, malgré les ruines actuelles de l'aqueduc. Aussi ai-je eu soin de prévenir d'avance tontes les objections par une phrase hypocrite à l'adresse des archéologues. J'ai mis les pieds dans le plat, lourdement, en rappelant que c'était une invention romaine, alors nouvelle, et que l'aqueduc d'à présent a été refait sur l'ancien. Le souvenir de Bélisaire coupant l'aqueduc romain de Carthage m'a poursuivi, et puis c'était une belle entrée pour Spendius et Mâtho. N'importe! mon aqueduc est une lâcheté ! Confiteor.
«  6° Autre et dernière coquinerie : Hannon.
« Par amour de la clarté, j'ai faussé l'histoire quant à sa mort. Il fut bien, il est vrai, crucifié par les Mercenaires, mais en Sardaigne. Le général crucifié à Tunis en face de Spendius s'appelait Hannibal. Mais quelle confusion cela eût fait pour le lecteur!
« Tel est, cher maître, ce qu'il y a, selon moi, de pire dans mon livre. Je ne vous dis pas ce que j'y trouve de bon. Mais soyez sûr que je n'ai point fait une Carthage fantastique. Les documents sur Carthage existent, et ils ne sont pas tous dans Movers. Il faut aller les chercher un peu loin. Ainsi Ammien Marcellin m'a fourni la forme exacte d'une porte, le poème de Corippus (la Johannide), beaucoup de détails sur les peuplades africaines, etc.,etc. 
« Et puis mon exemple sera peu suivi. Où donc alors est le danger? Les Leconte de Lisle et les Baudelaire sont moins à craindre que les... et les... dans ce doux pays de France où le superficiel est une qualité, et où le banal, le facile et le niais sont toujours applaudis, adoptés, adorés. On ne risque de corrompre personne quand on aspire à la grandeur. Ai-je mon pardon ?
« Je termine en vous disant encore une fois merci, mon cher maître. En me donnant des égratignures, vous m'avez très tendrement serré les mains, et bien que vous m'ayez quelque peu ri au nez, vous ne m'en avez pas moins fait trois grands saluts, trois grands articles très détaillés, très considérables et qui ont dû vous être plus pénibles qu'à moi. C'est de cela surtout que je vous suis reconnaissant. Les conseils de la fin ne seront pas perdus, et vous n'aurez eu affaire ni à un sot ni à un ingrat.
 Tout à vous,
 "Gustave Flaubert". 

Sainte-Beuve répondit à cette lettre par le billet suivant:
 Ce 25 décembre 1862.
«  Mon cher ami,
«  J'attendais avec impatience cette lettre promise. Je l'ai lue hier soir, et je la relis ce matin. Je ne regrette plus d'avoir fait  ces articles, puisque je vous ai amené à sortir ainsi toutes vos raisons. Ce soleil d'Afrique a eu cela de singulier que toutes nos humeurs à tous, même nos humeurs secrètes, ont fait éruption. Salammbô, indépendamment de la dame, est dès à présent, le nom d'une bataille, de plusieurs batailles. Je compte faire ceci : mes articles restant ce qu'ils sont, en les réimprimant je mettrai, à la fin du volume, ce que vous appelez votre Apologie, et sans plus de réplique de ma part. J'avais tout dit; vous répondez : les lecteurs attentifs jugeront. Ce que j'apprécie sur tout, et ce que chacun sentira, c'est cette élévation d'esprit et de caractère qui vous a fait supporter tout naturellement mes contradictions et qui oblige envers vous à plus d'estime. M. Le­brun (de l'Académie), un homme juste, me disait l'autre jour à propos de vous : « Après tout, il sort de là un plus gros monsieur qu'auparavant. » Ce sera l'impression générale et définitive...  » 
"C.A. Sainte-Beuve"

mercredi 27 avril 2011

Morte de Nikiya - La Bayadère

Chopin Ballade No.1 Op.23 (Horowitz)

La  séquence  du  film  The  Pianist  est   superbe  ,  mais   pour  un  meilleure  audition  de   la  musique de Chopin :  



Chopin Ballade No.1 Op.23 (Horowitz)

The Pianist - Chopin, Primo lévi ,Dante,Holiday

The Pianist - Ballade No.1 in G minor Op.23 - Chopin


Primo  Lévi 

Si  c'est  un homme

(Se  questo  è un  uomo )

"Le sentiment de notre existence dépend pour une bonne part du regard que les autres portent sur nous : aussi peut-on qualifier de non humaine l'expérience de qui a vécu des jours où l'homme a été un objet aux yeux de l'homme. Et si nous nous en sommes sortis tous les trois à peu près indemnes, nous devons nous en être mutuellement reconnaissants." (Si c'est un homme, Julliard).  




Magnifique   leçon  de  vie  de  Primo  Lévi  

"La  beauté pour  survivre"

Dans cet enfer, décider d'apprendre sa  langue  à un compagnon en récitant les vers de Dante: 

 Chapitre XI
Le chant d’Ulysse
 

Pikolo : "La divine comédie"
« Considérez quelle est votre origine. Vous n’avez pas été faits pour vivre comme des brutes. Mais pour ensuivre et science et vertu »


Dante et Béatrice  ,  Herny  Holiday